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LA FACILITATION DU COMMERCE ET LA PROMOTION DES ECHANGES INTRA-AFRICAINS AU SEIN DES COMMUNAUTES ECONOMIQUES REGIONALES (CER): CAS DE MARCHE COMMUN DE L’AFRIQUE ORIENTALE ET AUSTRALE (COMESA)

N°13. Janvier Février Mars 2024

































Résumé

Les mesures destinées à faciliter les échanges sont de plus en plus considérées par les communautés économiques régionales (CER) comme essentielles pour aider leurs pays membres et l’Afrique, dans son ensemble, à développer le commerce. À cette fin, les CER ont mis en œuvre des programmes visant à simplifier et à harmoniser les procédures commerciales nécessaires à la circulation des biens dans leur sous- région. Ces procédures sont constamment élargies pour inclure les obstacles techniques au commerce, la politique de concurrence, les marchés publics et la transparence en général.

C’est le cas de COMESA qui a adopté un programme global de facilitation du commerce qui ne vise pas uniquement à supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires, mais également à appliquer de nombreuses mesures tendant à simplifier le commerce et à abaisser les coûts encourus au titre des activités commerciales.

Cependant l’application de ces mesures n’a pas donné de résultats escomptés car elles (mesures) n’ont pas dopé les échanges au sein de cette communauté, les échanges entre pays membres oscillant entre 5 et 8 %. La part du commerce intra-COMESA dans son commerce global a été de 6,4% en moyenne par an   pour la période allant de 2000  à 2015. Ce qui explique que cette CER fait l’essentiel de son commerce avec les puissances extra-africaines, notamment l’UE, la Chine et les Etats-Unis.

De ce qui précède les mesures de facilitation de commerce seules ne suffisent pas pour propulser les échanges au sein du COMESA. Il est nécessaire de s’attaquer aussi aux autres problèmes, notamment ceux liés aux structures économiques, aux options prises dans la mise en œuvre des accords de coopération et les problèmes liés aux infrastructures etc.

Mots clés : Facilitation du commerce, promotion des échanges et échanges intra-africains

 

 

Abstract

 

Trade facilitation measures are increasingly viewed by Regional Economic Communities (RECs) as essential for helping their member countries and Africa as a whole to develop trade. To this end, RECs have implemented programs aimed at simplifying and harmonizing trade procedures necessary for the movement of goods within their sub-region. These procedures are continually expanded to include technical barriers to trade, competition policy, public procurement, and transparency in general.

This is exemplified by COMESA, which has adopted a comprehensive trade facilitation program that not only aims to eliminate tariff and non-tariff barriers but also to implement numerous measures aimed at simplifying trade and reducing the costs associated with commercial activities.

However, the implementation of these measures has not yielded the expected results, as they have not significantly boosted trade within the community. Trade between member countries fluctuates between 5% and 8%. The share of intra-COMESA trade in its total trade averaged 6.4% per year from 2000 to 2015. This indicates that COMESA conducts the majority of its trade with non-African powers, notably the EU, China, and the United States.

From the above, it is clear that trade facilitation measures alone are not sufficient to significantly increase trade within COMESA. It is also necessary to address other issues, such as those related to economic structures, the choices made in implementing cooperation agreements, and infrastructure-related challenges.

Keywords: Impact, Trade Relations, DRC, COMESA

INTRODUCTION

L’ampleur de la prise en charge de la Covid-19 qui a affecté l’hémisphère nord ne devrait pas être exportée proportionnellement en milieux à faible incidence létale. Pour endiguer la propagation à large échelle, les précautions consisteraient dans le confinement, visant la préservation des contrées non « touchées » par le convoyage/cargonnage des échanges commerciaux. Par contre, si l’on envisage que les soins vaccinaux s’imposent partout ex aequo, cela se prête à une marchandisation des soins pilotée par une « structure néolibérale financiarisée (Belkhaid, 2017), préoccupée par la quête d’un vaste marché et focalisée sur plusieurs décès, l’anomie, l’assimilation et l’exponentiation des victimes (de la Covid-19) dans la sous-traitance des « indigènes universels » (OSOKONDA, B., 2022).

Sans prétention de redouter un virus qui a causé des dégâts humains, le tableau clinique qui s’est avéré désastreux en Occident et en Asie, a curieusement épargné l’Afrique. Est-ce par providence tropicale ou par prophylaxie ? 

Il sied, de prime abord, de rappeler les efforts fournis par les laboratoires Pfizer, Astra-Zeneca, Spout V, Sino méd., Jonson-Jonson et bien d’autres en expérimentation pour la mise au point des vaccins et saluer leur combat combien héroïque en périodes de forte létalité.

S’agissant de la providence, son aspect dichotomique se rapportant à la sagesse qui prévoit et pourvoit, s’inscrit dans la relation intime de l’Africain à la nature où il passe l’essentiel de sa vie : « Le passé nous renseigne que l’Africain traditionnel vivait en harmonie avec son milieu, et de ce fait, avait su tirer profit de la richesse de la flore et de la faune pour disposer d’une alimentation équilibrée » (MBEMBA, F. T., 2013) et faire usage de la phytothérapie. Ce qui implique de sa part une éthique de gestion environnementale pour son maintien durable. 

Au travers de la prophylaxie, les précautions contre les épidémies émergentes (TAMAR, Ibid.) sont menées en Occident et dans d’autres pays avancés. Les recherches microbiologiques, virales… certifient que les denrées saines, assorties d’autres facteurs socioéconomiques modernes aménagent la longévité humaine. Mais hélas, trop de santé tue la santé ! Ainsi, une santé trop meublée se consume comme du feu aux poudres au contact d’un germe virulent.  En ce sens, l’Africain dans sa relation avec la nature, en a capitalisé les secrets dont le fossé, entre l’européen focalisé aux labos et l’Africain qui, de ce contact naturel millénaire, est capable d’en apprivoiser les Béhémots et identifier une ribambelle des thérapies, dont les Peuples Autochtones d’Afrique sont un cas de figure. Ce n’est pas hasardeux que dès l’apparition en Chine, dont les médias internationaux relayaient sur le  coronavirus depuis décembre 2019 par rapport à sa situation préoccupante (MUNAYENO, M. et PIDIKA, M., 2021) ; en dépit que le premier cas détecté de Covid-19 en RDC remonte au 10 mars 2020 (le Phare, 2021), le nombre de décès tenu par la chronique soit fustigé par les populations qui n’en croient pas aux campagnes médiatiques versées sur le compte d’invention politique pour les décès y afférents et l’appel à se faire vacciner comme un guet-apens périlleux pour la population.

           I.PROBLÉMATIQUE

Le discours politique en RDC incarne toujours une charge archémique. La désapprobation collective en période de la Covid-19 est traduite par l’absence de la prise en charge de l’Etat congolais à ses populations en matériau basique, notamment en gel hydro alcoolique, en cache-nez, en gants, en désinfectants gratuits comme il en était question dans d’autres pays. Dès lors, la sensibilisation en la matière valait un chantage pour justifier, sur le dos des populations indemnes, des fonds perçus auprès des bailleurs. D’où, le harcèlement médiatique pour la mobilisation populaire (à s’inscrire) tenait du business ou de la covid-gate, dont la perception grégaire gravitait autour de la manne financière, dont les structures de riposte s’avéraient incapables de justifier les affectations auprès des débiteurs soucieux des labels élogieux, même si dans la clandestinité, certains alimentent des points chauds sous couvert des « multinationales derrière les groupes armés à l’Est de la RDC » (Le Phare, 2021) et reprises dans le Rapport Mapping (ONU, 2910).   

La dramatisation des « chiffres officiels des contaminations et des décès, conçus quotidiennement par les gouvernements et repris par l’Union Africaine, estimaient que le bilan réel serait incontestablement sept fois supérieur (BENHARRATS, S. S., et MALIKA, D., 2022) » est une aggravation qui excède la réalité et, une intoxication créant une psychose, à travers une guerre médiatique susceptible d’occasionner davantage des décès dans des aires saines où les morts naturels aménageaient ceux de la Covid-19 ; même si les « contaminations et les décès en Afrique sont très bas, « entre 2 et 5 % des cas mondiaux (Vidjinnagni, A. E., Ibid.) », demandaient de fidéliser les chiffres réels que d’accréditer les « spéculations osées (BONGELI, Y.Y.A. E. et B. K., M., 2021) ». 

       

Les populations congolaises capitalisaient les crises sanitaires antérieures et celle de Covid-19 comme un cheveu dans la sauce pour se dédouaner des duperies monotones en se désolidarisant de la Société internationale et de leurs supplétifs mimétiques ; une attitude qui peut s’avérer dangereuse si la pandémie se faisait dévastatrice. A l’inverse, la résistance de la population à se faire vacciner et le déni de la pandémie en RDC présentaient une double opportunité : la mise en quarantaine de la communauté internationale permet une résilience thérapeutique aux recettes locales contre la covid-19, notamment la maximisation des vertus de la fumigation faite de feuillages hétérogènes : (bikali, lumba-lumba, kasa citron, manioka-nioka, kasa ya manga, ya kongobololo, mazulu, … ) dont la vapeur du mélange bouilli doit être inhalée à chaud sous une couverture et dont les principes actifs (de ces extraits végétaux) peuvent être médicalisés systématiquement pour l’oxygénation des patients avec pneumopathie. 

Par ailleurs, les avantages  tirés des ali-médicaments locaux : curcuma, mukubi, haie, bilolo, oignons, solo, tangawisi, dongo-dongo, ndembi, kikalakasa, courge, fougère, soja, millet, noix de palme, chenilles (MBEMBA, F., D. L., T., Ibid.) …, et de mondongo, makasu, ngadiadia, jus de citron, le sel indigène, bonobo, quinquina, bankulu, mupeshi-peshi, bulukutu, sinda, cacao, miel, … se sont avérés déterminants dans la lutte contre la Covid-19 à Kinshasa, pour faire l’objet d’une sensibilisation pour de nouvelles pratiques alimentaires et culturelles à préconiser, en stigmatisation des denrées importées, suspectées dans l’éclosion d’épidémies élucidées par (TAMAR, Ibid.), entre autres l’hypertension, les cancers bénins ou malins, les maladies cardio-vasculaires… tirant une historicité très récente en RDC, charruées par une alimentation dont les globalisations glanent la propagation, en tant que courroies de transmission, dans un continuum centre-périphérie réduisant davantage l’impact des milieux ruraux pour l’accentuation de l’inégalité mondiale (WALLERSTEIN, I., cité par J. ZIEGLER, 2012).

Or, la consommation régulière des ali-médicaments et la fréquence dans la prise des recettes locales passent pour des « pré-vaccins » en Afrique, procurant une immunité partielle contre certaines infections. Dans cette logique, ADIKEY soutient que : « Enker edia, ata matsh mwem (ADIKEY, M. A., cité par KASHIAMA, B. D., 2014) », c’est-à-dire, la nourriture de même que l’eau sont des médicaments pour un être vivant. Selon ce dernier, cette thèse mbuun a été éprouvée et vérifiée : « les informations obtenues sur le terrain de nos recherches, ont tranché valablement ce que reflète presque la quasi-totalité des aliments consommés par les Ambuun sont d’aspect alimédicamentaire (KASHIAMA, B. D., 2014.) ». 

La seconde opportunité porte sur l’inaccessibilité des opérateurs économiques expatriés en territoires non vaccinés de la RDC, pouvant être envisagée dans l’angle de l’autonomisation et de l’autodétermination des peuples congolais. Nous réalisons que la présence de ces derniers (expatriés) en RDC occasionne une prédation des ressources naturelles séculaire exacerbant une gestion prédatrice (MABI, M., 2002) organisée par un groupe d’acteurs concrets réunis au sein d’une « joint-venture » centrée sur le pillage (MABI, M., Ibid.), ayant  transformé la RDC en Far West africain (BRAECKMAN, C., 2003) et en un pays destiné au pillage ?, s’interroge (HANF, T., 2006), cumulée d’un activisme des sous-traitances maquillées sur le tourisme, les projets de développement, la santé, … 

Le marché du business à Kinshasa regorge un nombre important d’opérateurs économiques expatriés à la FEC, soit plus ou moins 199 (MULA, E.B., DEA Inédit) dans certains secteurs d’activités sélectionnés : l’Industrie, l’Agro-alimentaire, la Construction, les Hydrocarbures, les Télécoms et le Commerce général et dont les rapports de force, en fonction de leurs « capitaux » leur offrent une visibilité plus écrasante que les opérateurs locaux repris à 214 (MULA E.B., Ibid.) dans les secteurs concernés. L’avantage que tirent les 199, profiterait aux locaux condamnés dans la survie, mais dont l’activité porterait sur l’exploitation des ressources locales « tolérées (MBEMBA, FDL, T., Ibid.) » en santé, dans la consommation « bio », en l’absence des premiers. 

Même en période de riposte liée à la Covid-19, les mêmes opérateurs économiques internationaux se chargent d’agendas hétéromorphes (WALLERSTEIN, I., Ibid.), de prospection des ressources du « pays le plus grand et le plus riche de la région (Hanf, T., Ibid.) ». Dès lors la Covid-19 s’offrait à pic pour rompre une dépendance asservissante avec la communauté internationale et une « felix culpa » assimilable à une « autarcie » afin de permettre un travail titanesque à l’interne, susceptible d’être découragé par l’effort vaccinal suggérant le rétablissement des passerelles de contact et un retour à l’unilatéralité tant scientifique que socio-médicale (Europe-Afrique) qui renie la pluri centralité des aires planétaires.  

Si, selon le Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi « la maladie à Coronavirus (Covid-19) est une pandémie qui a causé d’innombrables pertes en vies humaines, qui a perturbé nos économies et a freiné la réalisation de nos efforts pour réduire la pauvreté (TSHISEKEDI, T., F.A., 2020) … », propos certes relativisables car, les économies perturbées sont celles des oligarques réunis en « joint-venture » et de leurs commissionnaires locaux.

Les populations locales vivent à 70 % de la rente forestière. Il existe une seule planète mais hautement stratifiée des nantis au Nord et des démunis au Sud, évoquant la théorie de centre-périphérie (EISENSTADT, cité par MULUMBATI, N., 1984) ; à différent palier de santé, dont les uns sont rarement malades (santé meublée) au Nord, et la santé de fortune au Sud. Les décalages entre les systèmes de santé sont criants de part et d’autre, d’où la Covid-19 serait une leçon corrective de révisitation profonde de nos modes de penser et d’agir (MACRON, E., 2021). Tout compte fait, il est estimé qu’il faille se dédouaner de l’Occident, « parent abusif et possessif » (KANYNDA, L., 1991).

Si la Covid-19 a déjoué les prévisions néo-malthusiennes sur le continent noir, les experts des ponts aériens et couloirs humanitaires veulent se rattraper par la mise sur pied d’une panoplie des vaccins, selon les représentations que l’on se fait de la RDC : « A en croire les indicateurs socio-économiques, Kinshasa se présente comme un énorme mouroir. Ses habitants…, selon De Doeck, ‘’sont plutôt morts que vivants’’ (De Doeck, 2001). Ceux qui ne sont pas morts du SIDA, devraient être morts de faim. Ceux qui ne sont pas encore affamés devraient être victimes de maladies hydriques ou tout simplement d’épuisement (TREFON, T., 2004) », perception qui préfigurait que la Covid-19 serait une tornade.

Au rendez-vous de ce mouroir s’y invitent le paludisme, la fièvre typhoïde, l’hépatite v, la méningite qui, depuis la nuit des temps n’ont eu d’écho vaccinal, tout comme la pseudo-démocratie et le cauchemar économique (TREFON, T., Ibid.) dont les frasques causent énormément des victimes à remplir rapidement les cimetières, que ladite communauté internationale encourage par son mutisme, mais très harceleuse en vaccins, sans être une priorité pour la RDC.

En dépit d’appartenir à une seule planète, les préoccupations des uns et des autres sont antagonistes. Pour les uns, la vulnérabilité et la fatalité doivent demeurer des clichés emblématiques pour l’Afrique, par la violence ou non, telle celle imposée à la Libye, au Mali, à la RDC, … d’où, des vaccins pour défrayer la chronique internationale autour desdits clichés pathétiques qui sombrent l’Afrique. Pour les seconds, c’est-à-dire, les ressortissants du Sud en général et de la RDC en particulier, ces clichés sont des défis à relever. Faut-il, quant à ce, se ranger à la traîne de ces occidentaux et se fier aux autorités à leur solde ? 

Le travail d’émancipation des Congolais (es) est handicapé par une volonté politique qui mise sur la « fragilisation (KAYEMBE, K. D., 2020), dont Kinshasa semble résumer : utopies, illustrations et drames ainsi que l’émergence de catégories sociales dirigeantes sur base de l’accumulation primitive capitaliste et sur base du salariat qui renvoie à la prolétarisation et à la paupérisation extrêmes des masses laborieuses, mais aussi à la résistance et à des flambées de violence incontrôlables (MUDABA, L., cité par KAYEMBE, K. D., Ibid.).  Au plan médico-scientifique, plusieurs projets de la Recherche sont en veilleuse, faute des financements, dont celui du Centre Antivenimeux, CAV, qui peine à asseoir son projet d’un site herpétologique et de vaccin contre les envenimentions par morsures de serpent à base des plantes médicinales congolaises à Kinshasa, est un cas de figure.

Pourtant, la Covid-gate s’inscrit dans les logiques nonchalantes du capitalisme néo-libéral financiarisé qui recèle une motivation contrastée : celle de préservation de l’espèce humaine des pays développés où, la riposte à la pandémie ne s’est pas fait attendre que le paludisme millénaire en pays du Sud et de la surdité axée sur des dividendes à gagner pouvant pousser aux manifestations violentes et sanglantes de se faire vacciner. Il y avait lieu de prendre la mesure de la réalité interne en vue de freiner l’immigration en cette période vers la RDC, pour se garantir non seulement des ali-médicaments à vulgariser comme des acquis évidents, mais aussi, la consolidation de la thérapie locale et la révisitation profonde d’un Congo à récréer, suscitant des mesures de « Protectionnisme convenable (NORRO, M., cité par WHANNOU, S., T., 2009).

Ce qui permettait de placer l’Europe aux multiples variants et les régions quasi « vierges » sur deux schémas thérapeutiques observables : - celui de vaccins dont l’efficacité n’est pas effective (Europe) ; - celui de l’exploration des savoirs endogènes africains en matière de défense à partir des expériences des Peuples Autochtones, permet de miser sur la « triangulation » (DENZIN, 2002), (SHOMBA, K.S., 2013) des expériences de lutte des autres peuples, que de se focaliser sur une uniformisation méthodologique qui supprime la contradiction, figeant l’Afrique dans la sous-traitance médicale pérenne : « la Commission ADHP, exhorte l’industrie pharmaceutique internationale à mettre à la disposition des gouvernements africains des médicaments bon marché en vue d’une action urgente contre le VIH/SIDA et invite les institutions internationales d’assistance à accroître fortement les programmes de partenariat des bailleurs de fonds en Afrique, y compris le financement de la recherche et des projets de développement » (MUTOY, M., 2020).

Le « refus » de l’insertion de différents apports universels, notamment celui du professeur Raoul (de Marseille) comme hypothèse vérifiable, s’inscrit sur l’ethnocentrisme idéologique de « domestication et aliénation » (KALELE, K., 1984) des cerveaux. Les données du professeur Raoul, constituées des expériences réalisées au Sénégal et donc africaines, sont vouées à l’invalidation, pour autant que l’éjection de l’Afrique remonte des millénaires et ne surprend. « Aux yeux du clergé catholique, les croyances païennes et leurs rituels – en particulier dans le domaine hautement symbolique de la santé et de la maladie-considérés comme une menace sérieuse à l’égard de leur mission civilisatrice chrétienne. Ils combattirent énergiquement les guérisseurs traditionnels, reléguant aux domaines de la magie et de la sorcellerie des éléments de la médecine traditionnelle en dépit du fait que ces derniers eussent prouvé leur efficacité depuis des millénaires (Persyn, P. et Ladrière, F., Ibid.) ».

L’habitus ethnocentriste occidental favorise un clientélisme de certains dirigeants ministériels congolais à œuvrer contre la tropicalisation, notamment des soins et à flirter un attentisme fainéant en vue de la pérennisation de la sous-traitance de l’indigène universel.   

Contre l’alternative de l’immaturité des savoirs africains, la Covid-19 devait muer en Covid d’inventivité (MACRON, E., 2020) pour les Africains, c’est-à-dire de capitalisation utilitaire (LIYONGO, E.J., 2019) des périodes post crises. Les décideurs incapables des défis de la prospective devraient dégager en faveur d’une gouvernance post-Covid des patriotes engagés.       

Le patriotisme médical ou sanitaire est emprunté du « patriotisme économique »  (Dupeyrat, P., cité par BONGELI, Y. Y.A., E., Ibid.) ». Il envisage que les « périodes de crises sont celles où les besoins en actions étatiques deviennent plus impératifs. Bertrand Badie (BADIE, B., cité par BONGELI, Ibid.) pense que « les chocs des crises successives, les désarrois devant les délocalisations ou devant les effondrements financiers font renaître une demande d’Etat, protéger les intérêts nationaux contre les monstres invisibles qui sont les entités transnationales qui tiennent à submerger les Etats et à les confiner dans des rôles mineurs (DUPEYRAT, P., cité par BONGELI, Y.Y.A., E., Ibid.).

Le patriotisme médical ou sanitaire relève également de la volonté de lutter à armes égales avec les concurrents qui n’ont jamais renoncé à inféoder l’Afrique et la RDC dans la sous-traitance internationale en y étouffant les initiatives en gestation. Notre réflexion gravite autour des gestionnaires du Ministère de la Santé, dont les faits des détournements des deniers publics affectés à la riposte de la Covid-19, condamnent la RDC à la sous-traitance sanitaire internationale.

Cependant, l’Etat a un intérêt légitime à garder un contrôle direct ou indirect sur le système de santé pour garantir la qualité des soins de sa population par un travail de fond, de surcroît, en périodes de crise où la vigilance des prédateurs universels est affaiblie par la menace  de la mort par la Covid-19 et par l’urgence sanitaire en Europe car,  « Le capitalisme international n’est pas une réussite. Il n’est ni intelligent, ni beau, ni juste, ni vertueux, et il ne tient pas ses promesses. Mais quand nous nous demandons par quoi le remplacer, nous sommes extrêmement perplexes » (KEYNES, cité par KASESHI M., 2020), la pandémie de la Covid-19 en offrait l’opportunité de le confiner ou de le renvoyer dans son périmètre originel. 

         II.MÉTHODE ET OUTILS 

1.  La Méthode : La méthode d’observation, selon Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy « L’observation directe est celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations, sans s’adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l’observation, diffère de l’observation indirecte (EBWEME, Y., J., 2019) ».

2.  Outils : les écrits interrogent la revue de la littérature/la recherche documentaire ; les procédés par échanges, discussions et interviews libres,… réalisés avec les professionnels de santé et d’autres personnes-clés pour une recherche qualitative privilégiée pour cette étude.  

 

Quelques interviews approfondies réalisées avec des personnes-clés :

1.    Première personne : L’informateur-clé était saisi par un appel téléphonique que le corps d’un oncle paternel acheminé aux cliniques universitaires Mont-Amba est enregistré parmi les morts à la Covid et devra être enterré par le gouvernement congolais ; l’informateur-clé avait d’emblée avalisé cette option pour les espèces sonnantes à encaisser suite à ce trafic que ce qui aurait dû être décaissé par la famille ;

2.    Deuxième personne : Bonjour madame x, bonjour monsieur, pensez-vous que la maladie à Covid-19 a existé en RDC ?  Oui, je dirai que la maladie existe, mais pas avec la même ampleur que notre gouvernement avait accordée, dont certaines dépouilles naturelles étaient assimilées aux victimes de Covid-19 pour augmenter le nombre des décès dans le but de bénéficier de l’argent que l’OMS avait disposé aux pays touchés par la pandémie.

3.    Troisième personne : Je pense que la maladie à Covid-19 a bel et bien existé, mais pas à la gravité des pays d’Occident. Pourquoi j’affirme que la maladie a existé ? J’étais victime de cette pandémie et hospitalisé dans l’une des structures sanitaires de la place. Je n’avais pas bénéficié d’une grande intervention, mais j’ai vu mon état se rétablir spontanément. Etrange, beaucoup d’agents me questionnaient concernant la Covid-19 pour multiplier seulement les données par des questions insidieuses, d’où j’étais obligé de fuir l’hôpital sans soins spéciaux et je me porte bien jusqu’à ce jour. Cette maladie est une utopie en RDC. Une création par les autorités pour attirer l’argent en espèces affecté pour la pandémie.

4.    Quatrième personne : Quant à la vaccination, vous ferez-vous vacciner ? Je ne pense pas car, ce vaccin n’est pas dans les normes. Il faut plusieurs étapes pour mettre en place un vaccin et ça prend plus d’années d’expérimentation. Ce n’est pas le cas avec la Covid-19 dont le vaccin est rapidement mis sur le marché par un réseau d’hommes d’affaires et des firmes pharmaceutiques en quête des richesses en déséquilibrant l’économie mondiale.

  1. Cinquième personne : La maladie a existé sous sa forme bénigne et la majorité de la population est restée indemne. En réalité, pour l’Afrique, la pandémie relève du terrorisme économique de la part de ceux qui tiennent à l’enrichissement illicite en collaboration de certains dirigeants africains, notamment la RDC comme le Ministre de la santé mis en prison pour le non partage équitable des dividendes reçues des partenaires internationaux. La maladie de Covid-19 est une maladie à business au profit des politiques et des firmes pharmaceutiques. 

 

Synthèse des témoignages

La plupart de personnes-clés pensent que la maladie à Coronavirus a existé mais avec moins de victimes en rapport à la prévalence réelle de la maladie. La majorité de cas décrétés en RDC relèvent d’une monture gouvernementale, sur une transaction axée sur l’achat des corps et des tractations malhonnêtes dans l’augmentation du nombre de décès afin d’offrir à la RDC l’avantage de figurer parmi les pays éligibles des fonds mobilisés pour la riposte. Deux tendances opposées s’en dégagent : « d’un côté, les ‘’coronasceptiques’’ et les ‘’coronacrédules’’, de l’autre (MUNAYENO, M. et PIDIKA, M., Ibid.) ».  Les premiers, « les coronasceptiques » sont situés dans la fourchette d’âges allant de 20 à 50 ans, pensent que le coronavirus est une pire absurdité ou une maladie pour la race blanche, liée à tous les crimes commis par l’Occident au Tiers-Monde (la Traite négrière, le colonialisme et le néo-colonialisme, les guerres économiques, l’éviction et le limogeage des têtes pensantes en Afrique, la « gonduanalisation » du Sud par toutes sortes d’exploitation,… méritent que des fléaux s’abattent sur eux comme le prix à payer, dont ils, (les occidentaux) misent sur un enlisement planétaire, dans la logique de la coresponsabilité élargie, et donc des boucs émissaires. Tandis que les seconds, « les coronacrédules » sont ceux gagnés par le syndrome de la peur liée à la comorbidité et vulnérables à la moindre fièvre. C’est la catégorie âgée au-delà de 60 ans.

       III.LES INDICATEURS DE LA COVID-GATE AU MINISTERE DE LA SANTE EN RDC

« Le fonds Covid a connu un tirage au sort en RDC. On compte beaucoup de réactions au sein de l’opinion en République démocratique du Congo (RDC) depuis les dénonciations concernant la mauvaise gestion des fonds anti-covid. A l’inspection générale des finances, on persiste à dire que les gestionnaires de ces fonds ont du mal à justifier l’utilisation des 10 millions de dollars affectés par le gouvernement à la lutte anti-Covid 19. Une correspondance qui émane de l’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa et adressée au ministre de la Santé avec copie à l’Inspection générale des finances est très révélatrice. L’établissement hospitalier renseigne qu’il a interné et soigné 268 malades atteints du Covid-19, pour un coût de 12 000 dollars par personne et une hospitalisation de plus ou moins vingt jours chacun (IGF, 2020) ». Les quelques 3 millions de dollars destinés à l’hôpital ont été payés, en espèces, au guichet, une pratique qui n’est pas autorisée par la loi. A cette irrégularité, s’ajoutent des dépenses douteuses, déclarées mais non justifiées par le ministre de la Santé, de deux millions de dollars. Parmi ces dépenses, « l’achat d’ambulances pour 260. 000 dollars dans le cadre du plan Covid, des ambulances qui n’ont jamais été livrées » (IGF, Ibid.).

Il faut relever la contradiction dans la gestion du fonds entre le Premier ministre Ilunga Ilunkamba, selon qui, plus de dix millions de dollars ont été débloqués depuis mars pour la riposte, mais le coordonnateur de la lutte contre la pandémie, le Dr Jean-Jacques Muyembe, assurait lui, la semaine dernière encore, n’avoir géré que 1,5 million de dollars. C’est pourquoi l’Inspection générale des finances a été chargée de s’intéresser de près à la gestion des fonds Covid-19. Après sa « patrouille », il s’ensuit qu’en RDC, pour la gestion des « fonds Covid », l’IGF exhorte la justice à enquêter sur le détournement de 6 millions USD dans la gestion des fonds Covid-19 pour lesquels Eteni Longondo, Ministre de la Santé est indexé (IGF, 2022).

« Préoccupé par les dénonciations des populations sur la gestion de fonds covid-19, le Président de la République a demandé à l’IGF de vérifier les allégations de détournements présumés de fonds Covid. Depuis, nous avons enquêté et transmis le rapport d’audit aux autorités judiciaires. A ce jour, aucune information n’a déjà été ouverte pendant que tous ceux qui ont fait l’objet des poursuites pour détournement de fonds destinés à la gratuité de l’enseignement de base sont incarcérés. Pour raison d’équité, nous voulons que des responsabilités soient établies et les coupables condamnés », a indiqué Jules Alingete, Inspecteur Général des Finances (IGF, 2021).

Le ministre de la Santé, Jean-Jacques Mbungani, successeur de ITENI, a révélé que les fonds jusque-là non retracés dans le cadre de la gestion de fonds covid-19 sont évalués à environ 6 millions de dollars américains, tandis que :

-      Le personnel soignant et autres services affectés à la lutte contre la propagation de Covid-19 accusent 7 mois d’impaiement ; les fournisseurs des masques, le gel hydro alcoolique et autres produits de lutte contre le Covid-19 demeurent impayés faute de moyens.

-      Avant son départ du Gouvernement, l’ex ministre de la Santé, docteur Eteni Longondo, soupçonné des malversations financières dans la gestion des fonds alloués à la riposte contre la Covid-19 dans le pays a déclaré qu’aucun rond n’a été détourné (IGF, 2022), se retrouvera, en dépit de ce désaveu dans la bagne de Makala : « L’ancien ministre de la Santé de la RDC, Eteni Longondo, écroué depuis le 27 août 2020 pour un présumé détournement de fonds alloués à la lutte contre le Covid-19, est sorti mardi le 15 septembre 2021 de la prison après avoir obtenu sa liberté provisoire. L’instruction se poursuit, a précisé son avocat, Me Hugues Pulusi Eka (AFP/VOA, 2021). 

Un autre Ministre de la Santé, Oly Ilunga, le prédécesseur d’Eteni Longondo, avait été condamné à 5ans de prison pour détournement des fonds alloués à la riposte contre l’épidémie d’Ebola (AFP/VOA, Ibid.), dont la gestion factuelle dans les aires endémiques, ont un parallélisme avec la gestion de la Covid-19, relative au grossissement du nombre de malades pour justifier les fonds affectés sur le terrain, dans le sens de « gonfler » les effectifs en misant sur les malades et/ou décès outre que Ebola à Bikoro (MABIKA, 2018).

 « En République démocratique du Congo, le vice-ministre de la Santé a dénoncé des ‘’réseaux mafieux’’ au sein même de son ministère pour ‘’détourner’’ des sommes allouées à la lutte contre l’épidémie de Covid-19 (AFP/VOA, 2020)». ‘’Au ministère de la Santé il existe des solides réseaux mafieux créés à dessein pour détourner ces fonds’’, écrit le vice-ministre de la Santé Albert M’peti Biyombo dans un ‘’Mémorandum’’ adressé au Premier ministre Sylvestre Ilunga. ‘’Ces réseaux mafieux exigent des rétrocommissions jusqu’à hauteur de 35 % auprès des structures bénéficiaires de ces fonds’’.

Sur le plan des financements d’origine africaine, l’UA avait reçu, US$ 19, 500.000 des entreprises du secteur privé africain, soit plus que les financements apportés par les pays industrialisés (un peu plus des US$ 14, 000.000. 22. (MUTOY, M., 2020) pour la riposte contre la MVE en Afrique de l’Ouest en 2014-2016. Les affectations de ces fonds ne font mention, dans la plume du chercheur d’un quelconque scandale, contrairement, à ce qui s’est passé en RDC avec le ministre Eteni Longondo, condamné à 5ans de prison pour détournement des fonds alloués à la riposte contre l’épidémie d’Ebola (AFP/VOA, Ibid.).

      IV.RÉSULTATS ET DISCUSSION 

Trois tableaux sont envisageables en rapport à l’étude, notamment, le tableau des interwieux des personnes-clés, le tableau du Ministère de la Santé, c’est-à-dire des professionnels commis à la gestion pandémique. Le dernier tableau est la recommandation de  la méthode de l’observation de Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy, cité par (EBWEME, Y, J., Ibid.) faite au chercheur d’être regardant à son milieu d’étude, qui est le système de santé congolais, à l’épreuve de la Covid-19.

D’une part, la convergence des interwieux qui allèguent que le Coronavirus a connu une létalité très faible en RDC ou, tout au moins, que cette pandémie est un canular ou un alibi politique pour figurer le pays (RDC) parmi les éligibles au fonds Covid et se classer dans la posture d’un marché des vaccins des firmes pharmaceutiques internationales. D’autre part, la RDC, fort de cet argumentaire, a été listée parmi les pays éligibles au fonds anti-Covid mais, dont les fonds affectés par les bailleurs auraient enrichi les professionnels commis à les gérer par le fait de détournement, précisent les mêmes interwieux.

Cet état de choses nous place dans l’impératif de ventiler le second tableau qui est celui du Ministère de la Santé habileté à gérer ce fonds. Ce tableau se présente, pas à contrario aux allégations des interwieux mais, les valident. Cependant, en dépit que les sources d’accréditation de ces détournements du fonds Covid-19, en RDC, relèvent des sources dites de secondes mains, toutes néanmoins s’accordent aux détournements qui dédouanent les  interwieux. Toutefois, quid ou que devons-nous savoir des sources de seconde main, apparemment journalistiques ?

Il y a lieu de souligner que la gestion des données politiques tenues dans l’omerta, très peu y accèdent ; tant mieux, si ce sont les journalistes congolais. Celles-ci (données), sont censées être considérés comme l’une des sources, telles que celles produites par le quotidien le Soir, le Canard enchaîné, le Times, le Figaro, etc. Aussi, les journaux congolais qui ont pignon sur rue ne peuvent s’aventurer à porter sur le compte des tiers, des fakes news dommageables. En réalité, chaque écrit, d’où qu’il provienne (ouvrage), de n’importe quelle source, est suspectable car, peut-il s’avérer idéologique, partisan, militant, etc. ; l’on devrait toujours s’en distancer par un état d’esprit critique. La validation ou l’invalidation des résultats d’une étude est commandée par les postulats théoriques et méthodologiques que par les aveux ayant une charge émotive, axés sur le capital (BOURDIEU, P., cité par TSAMBU, B.L., 2012), … Notons que Colette Braeckman, auteur de plusieurs ouvrages est une journaliste. Le métier des compatriotes congolais devrait être accepté à ce titre, tout en faisant l’objet de distance.  

Pour ce faire, il en découle que lorsque ces faits des détournements des deniers publics corroborent inextricablement les interwieux des personnes-clés, consolidés par le modèle explicatif du champ politique de Pierre Bourdieu  (EBWEME, Y, J., Ibid.), ainsi que de l’approche méthodologique sur lesquels se focalisent l’analyse et l’interactivité des faits empiriques recueillis, nous ne pouvons en empêcher la validation, pour autant que, ce sont les faits des acteurs politiques congolais qui donnent de l’eau au moulin des journalistes et des interviewés pour orienter leurs armes contre  la dénonciation ; à l’inverse, si la gestion de ces derniers (Ministres) est saine, a rassuré ALINGETE, J., (Ibid.), pourquoi les en vouloir ? Si ce n’est pas le cas, lorsque les faits des détournements sont inexistants sur l’arène institutionnelle ou dans le chef du Ministère de la Santé, les réactions des journalistes et des interviews relèveraient du pire acharnement et des accusations gratuites, susceptibles d’invalidation.

Mais, leur corrélation et/ou convergence des faits des détournements des deniers publics et les interwieux prouve l’existence des indices sérieux, pour ne pas parler d’indices « avérés », puisqu’il faut relativiser, l’analyse étant encore en mi-chemin, des faits des détournements des deniers publics qui, pour cette compromission font l’objet de stigmatisation des observateurs avisés, notamment de l’Inspecteur Général des Finances qui, déclarait sur la Chaîne de Télévision Bosolo que : la «dénonciation des faits des détournements des deniers publics sont, des faits réels qui, lorsqu’ils sont enquêtés en vue des poursuites, deviennent des faits politiques par leurs auteurs qui crient à l’acharnement, pour ne pas être incriminés » (ALINGETE, J., 2023) et NZADIA-NZADI, S.J., (2020) qui soutient quant à lui que « Un autre fléau qui plombe le développement de la RD Congo demeure, sans conteste, certaines antivaleurs qui ont confortablement élu domicile dans les mœurs des acteurs politiques et des citoyens de tous bords. Corruption, gabegie, népotisme, arrivisme, médiocrité, cupidité, détournements des deniers publics, etc. ».

Par ailleurs, et il n’est secret pour personne que la pandémie Coronavirus a renfermé une réalité dichotomique, des patients qui devaient être assistés médicalement, d’une part et des firmes médicales qui ont capitalisé un marché juteux dans la fourniture du dispositif anti-covid, essentiellement produit en Chine, alors que les hôpitaux américains et européens étaient bondés, les USA, dans l’extrême urgence de sauver les vies de leurs concitoyens, ce sont vus, étant donné l’impasse entre l’offre chinoise et la demande exponentielle occidentale, dans l’obligation de détourner le kit destiné à la France.

Les usines chinoises, fort de cette surdemande, ont réalisé assez d’argent, en dépit que l’Europe était hyper endeuillée. C’est, peut-être, dans cette logique qu’il faille trouver une tentative d’explication au fait de détournement des deniers publics affectés à la riposte à la Covid-19 en RDC, selon qu’en tout temps et partout, existent des néo-malthusiens pour qui les décès des uns font le bonheur des autres, « Basusu na mawa, Basusu na bisengo » (KALELE KA-BILA, 1984). Le comportement mercantile axé sur la Covid prenait un tour transcendant  le au Ministère de la Santé, écrivait un quotidien, sans citer les établissements scolaires concernés : « Scandale : Covid-business à l’EPST (Le Phare, 2020) : Effort du Covid-19 fixé à 5 dollars par élève, comme effort de lutte ». La quotité de la prise en charge par élève fixée à ce montant, relève de l’insensé et de la pire cupidité à Kinshasa. 

Pour notre part, l’affairisme autour de la Covid-19 en RDC n’est surprise pour personne vu, son caractère institutionnel et des allégations consolidantes : Pays de scandales, de paradoxes et de défis (MUKULUNGU, I., 2021)...  En effet, dans ses recherches pré-doctorales, Mula E., B., (2023), relève qu’en RDC, l’affairisme est lié aux structures d’Etat, appelé « affairisme d’Etat » qui entretient tous les types d’affairisme qui affectent les infra-structures de l’Etat. Il en a recensé quasiment dans tous les secteurs de la vie nationale voire sécuritaire, faisant allusion aux infiltrations dont le pays est victime, reprises dans : « FARDC, PNC, Renseignements : les écuries à nettoyer à fond, (Le Phare, 27/09/2022) ».

Sur la liste, se recrute l’affairisme médical ou sanitaire que la mémoire collective récuse et sanctionne au travers les interwieux, mais aussi par le déni de la population congolaise à se faire vacciner, s’inscrit dans la distance vis-à-vis de ses dirigeants, dans la «crise de confiance entre les mesures gouvernementales et le manque de collaboration de la population et de la méfiance face aux institutions congolaises. Cette notion est basée, selon le sociologue Mattei et les politicologues Stephen et Klesner, sur une attitude générale par rapport à la fiabilité au Gouvernement et à l’égard des actions des dirigeants politiques (MUNAYENO, M., et PIDIKA, M., Ibid.) ». Ce clivage restera profond dans la mesure où les dirigeants ancrés dans des antivaleurs, pourraient être coupables de plusieurs désastres humains, notamment dans l’Est de la RDC, où le carnage s’enracine dans la guerre du business (Le Phare, 2020) et pour des exterminations-implantation (BRAECKMAN, C., Ibid.).

En dehors du sociologue Mattei et des politicologues Stephen et Klesner, il convient de situer l’explicitation des faits de détournement des deniers publics dans le modèle théorique de la Sociologie de Pierre Bourdieu axé sur la théorie de champs (NGOMPER, I.R., 2022) est au centre de la sociologie des rapports de domination. Pour cet auteur, les champs se présentent comme des espaces et qui peuvent être analysés indépendamment des caractéristiques de leurs occupants. L’espace social est un espace hétérogène, compartimenté et divisé. Il n’est pas une totalité ou un système unidimensionnel ayant une cohérence interne. L’espace social est une imbrication d’une multiplicité des micro-univers sociaux relativement autonomes, c’est-à-dire des sphères de la vie sociale qui se sont autonomisées à travers l’histoire autour des relations sociales, d’enjeux, de ressources et de rythmes propres, différents de ceux des autres sphères. L’espace social s’apparente ainsi à des compartiments hétérogènes qui sont des champs sociaux. On trouve alors le champ économique, le champ politique, le champ technologique, le champ journalistique, le champ religieux, etc.

(EBWEME, Y, J., Ibid.), l’aborde dans sa dimension politique ou le champ politique, proposant que « plus un espace politique s’autonomise, plus il avance selon sa logique propre, plus il tend à fonctionner conformément aux intérêts inhérents au champ, plus la coupure avec les profanes s’accroît. Un des facteurs de cette évolution vers une autonomie croissante, donc une coupure croissante, c’est le fait que le champ politique est le lieu de production et de mise en œuvre d’une compétence spécifique, d’un sens de jeu propre à chaque champ ». En définitive, la théorie du champ politique pose que « seuls les politiques ont la compétence, au sens technique et juridique pour parler de politique (EBWEME, Y, J., Ibid.).

L’autonomisation du champ politique congolais se réalise à travers un clientélisme servile : « Autorité morale », RAIS, Béton… se recrute dans un chantage qui plonge l’autorité dirigeante dans la léthargie (yombo, en jargon kinois ou le djalelo) qui dépouille le Chef de l’Etat de sa compétence coercitive par la faiblesse qui s’y installe. Fort de ce jeu du corbeau et du renard, les collaborateurs s’enferment dans leur propre logique «nuisible» des détournements-rétrocommissions qui aménagent le confort des oligarques institutionnels coupés de la base pyramidale. Cette fracture deviendra plus profonde que ces oligarques, issus de la strate vulnérable des pauvres, passeront en clin d’œil dans la bougeoisie comprador et, de surcroît, leur succès se fera de plus en plus démesuré et indomptable (LOICHOT, M., cité par MULA, E.B., Ibid.). La problématique de l’incompétence qui en découle, en lieu et place de la compétence à faire valoir, s’inscrit dans l’affairisme d’Etat qui cause la faction avec les structures de base, notamment celles de la Santé, abandonnées dans un état piteux.

     En effet, une vigilance par ailleurs s’impose dans une écriture scientifique, en rapport aux propositions émises par les auteurs cités. MABI, M. et HANF, T., reviennent sur le terme « pillage » ; BRAECKMAN et MABI sur la « prédation » ; MAMBI, H., sur la « kleptocratie ». Est-ce les avaient-ils utilisés par chantage ? Or, le champ institutionnel congolais, notamment la « Kabila sphère et la Fashisphère » (ECONEWS, 2023) semblent être propices pour se faire millionnaire à la seconde ; le nombre des détourneurs des deniers publics gravés dans la mémoire collective accorde le bénéfice du siège alléchant du pillage, de la prédation, de la corruption, de la fraude, des détournements, des rétrocommissions, la surfacturation, du clientélisme et de l’affairisme, etc. (BELKAID, M., cité par MULA, Ibid.), des habitus mortifères commandés et encouragés par la structure dominante dans laquelle nous vivons sinon ce capitalisme néolibéral et financiarisé, est pleinement une structure qui favorise la fraude et la corruption (Spinoza, cité par BELKAID, M., Ibid.) qui permettent la traversée d’un plafond de verre par seuls ceux qui sont capables de tricher, de frauder, de récupérer rétrocommissions et autres avantages. Toute personne refusant ces codes-là et ces manières de fonctionner est rapidement expulsée (JORION, P., cité par BELKAID, M., Ibid.).

                

              Les détournements dont il est question dans ce travail, n’est qu’une des formes du pillage, dont le Ministère de la Santé n’est pas à l’abri et vérifiable par les états de lieu du système de Santé ainsi différemment décrits, d’une part et, l’absence des évidences des morts à la Covid-19, à la manière de l’Italie et de la France, du Royaume-Uni, … la substance de la préoccupation est centrée sur l’Etat prédateur dont le passage est obligé pour un Etat social (KASESHI, M., A-D., 2020) car, pense-t-il que «j’ai indiqué les socles sur lesquels peuvent être bâties les stratégies de développement efficaces en Afrique. Le premier socle est politique. Il suppose la résolution de la crise de l’État pour en finir avec l’État prédateur afin de construire l’État fort qui est au service de l’intérêt du bien commun. L’État prédateur ne reconnaît pas la population et la population ne se reconnaît pas dans l’État dont elle juge les dirigeants comme des kleptocrates, des clientélistes et des corrompus. Ce type d’État ressemble, peu ou prou, à une entreprise multinationale dont les dirigeants travaillent pour des actionnaires toujours avides de dividendes» (KASESHI, M., A-D., Ibid.).  

Le fossé créé entre la « classe dirigeante » qui baigne dans une économie luxueuse ostentatoire et une classe des prolétaires, obligée de recourir au secteur informel (OLELA, N. D., 2012 ), de survie, dévoile toute la signification d’un système de santé congolais où la mort est emblématique et dont les sites sépulcraux plus nombreux en sont un indicateur significatif, dont la croissance est fulgurante que les affaires des opérateurs Congolais à Kinshasa. La mosaïsité sépulcrale est fonction de la demande accrue d’inhumation des corps, devenue un business juteux comme les funérariums, récemment abolis à Kinshasa.

Dans la ribambelle sépulcrale, il y a lieu de citer : Nécropoles 1 à N’Sele, 2 à Kimpoko, 3 à N’Sele Bambou, Kinkole ancien (saturé) et nouveau, Mikonga/aéroport, Nsuenge vers Siforco, Buma, N’djili Brasseries/Cecomaf, Kimbanseke, Mbenseke Futi, Kimberly, Kitambo (saturé), Selembao, Kimwenza, Gombe (saturé), Kinsuka (saturé), Maluku, Mbakana, Dumi et Mongata… traduisent la désolation suscitée par la désarticulation du système de santé congolais et l’urgence de rétablir l’ordre au sein de ce Ministère, sinon (POURTIER, R., cité par TREFON, T., Ibid.) se verra inattaquable du point du vue que « du Zaïre au Congo, le territoire est en quête d’Etat ». Le déficit en management public est aussi fonction des détournements qui sont monnaie courante dans l’espace national et l’impunité y afférente, favorise la faiblesse des institutions étatiques.  

 SHIOMBA, K.S., (2022) qui cite KABAMBA DARLY, (2012), déclare que « le système de santé congolais se range parmi les inadaptés d’Afrique, car l’Etat a quasiment jeté l’éponge, laissant la place à des privés confessionnels et indépendants devenus de plus en plus puissants. Ceci est une conséquence du manque d’investissement et de la mauvaise gouvernance ».

           Pour sa part, Alain NZADIA-NZADI, S. J., (2020), s’est référé à un chant de l’artiste-musicien congolais, Kibinda Pembele Jean-Jacques, alias « Le Karmapa » qui a défrayé la chronique avec sa chanson « mama Yemo », du nom d’un hôpital public de Kinshasa construit depuis plus de 60 ans. Cette chanson est une véritable satire du système de santé de la RD Congo aux abois depuis de très nombreuses années. Une interpellation qui tombe à point nommé au moment où la pandémie de Covid-19 a étalé les carences d’un secteur presque à l’abandon. On pourrait en dire autant de plusieurs pays du continent», a qualifié le système de santé congolais d’ « un système sanitaire exsangue »… ; Peter Persyn et Fabienne Ladrière Alain NZADIA-NZADI, S. J., (2020), écrivent quant à eux sur les «structures sanitaires ou les «mouroirs à Kinshasa/RDC ».

        Toutefois, la réalité sanitaire en RDC et particulièrement à Kinshasa tient d’une complexité justifiée par des soins de santé décriés, vu leur aspect infrahumain, renvoyant les populations congolaises à se rabattre, à l’automédication (LUBANZA, M. S., 2022) et aux dires de (CHIPPAUX, J.P., 2011), aux thérapies parallèles de souche indigène car,  «  le recours à la médecine traditionnelle reste, en effet, prédominant dans toute l’Afrique » ;  mais aussi et à la fois aux soins de santé mirobolants. C’est le cas de la structure hospitalière du « Cinquantenaire » et d’autres du secteur privé, aux labels mitigés, dont l’objectif financier visait la réabsorption du flux d’argent détenu par les officiels de l’ancien régime, dont la plupart étaient blacklistés dans le Rapport Mapping (Le Phare, 2020) et frappés de mobilité internationale, ne recevaient des soins ambitieux que dans ces structures  « VIP », aux coûts exorbitants. Pour l’opposition et détracteurs au dit régime cependant, ces structures de Santé sont listées parmi les oripeaux (LUBANZA, M. A., 2018) fort risqués.   

CONCLUSION 

Sans prétention de redouter un virus qui a causé des dégâts humains, le tableau clinique qui s’est avéré désastreux en Occident et en Asie, a curieusement épargné l’Afrique, en dépit que la majorité de cas décrétés en Afrique en général et en RDC en particulier, étaient des cas créés par le gouvernement occasionnant l’achat des corps, les transactions malhonnêtes et, poussé à l’extrême aux détournements des fonds de riposte.

 Cette attitude s’inscrit contre le patriotisme médical obligeant les dirigeants à ramer contrecourant, à se placer à l’antipode d’une période post-Covid d’inventivité plus accrue, notamment du secteur sanitaire car, la bonne santé, l’instruction rationnelle, la sécurité nationale et une économie transformatrice sont des inputs basiques ou déterminants pour le développement du facteur humain dans le processus d’émergence nationale. Cet impératif se veut anticipatif aux dérapages liés au pic des épidémies et un palliatif à la réduction de la dépendance médicale de l’extérieur, condamnant la RDC en situation de « Mboka bolumbu » (KAYEMBE, K. D., Ibid.), dont les faits détournements des deniers publics par la Tutelle ministérielle constituent une érosion chronique à une telle préoccupation. D’où, l’urgence des structures anti-corruptives, en plus de celles instituées à la Présidence de la République, à la Cour des comptes et à l’Inspection Générale des Finances, vue l’étendue du pays, des antennes efficaces, outillées et mieux rémunérées pour traquer les criminels économiques par un organe judiciaire spécialisé. A défaut, toutes les institutions publiques-privées organisées sous la 3ème République répondront de Nouveaux prédateurs (BRAECHMAN, C., Ibid.), ainsi que la leçon papale sur les « diamants » de la RDC (EXCLUSIF RDC, 2023) comme une absurdité aux acteurs de l’afro-militarisme (HANF, T., Ibid.).    

De contributions des auteurs :

Pour Jean-Rufin MULA EBOLABI BOKASI, Chercheur au CERDAS et au CEP/UNIKIN, son apport a consisté dans la conception, dans la revue de la littérature et dans l’écriture scientifique du texte. Tél. 0819870215.

Quant au Dr KAWANGA Smith, a contribué dans la réalisation des interviews, dans la terminologie médicale et le rôle du contradicteur pour enrichir la discussion. 

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1.     BRAECKMAN, C., Les Nouveaux prédateurs, Politique des puissances en Afrique centrale, Fayard, Paris, 2003.

2.     CHIPPAUX, J.P., Prise en charge des envenimations en Afrique, Cerpage, UMR, 216 de l’IRD, Cotonou, Bénin, in 4ème Conférence Internationale sur les envenimations par morsures de serpent et par piqûres de scorpion en Afrique, Livre des résumés et programmes, du 27 au 29 avril 2011, Hôtel Méridien, Président, Dakar, Sénégal, Thème principal, Epidémiologie, prévention et prise en charge des envenimations, 2011. 

3.     KALELE-KA-BILA., Ecole : Domestication et aliénation des jeunes africains, Les dossiers de MBEGU, Lubumbashi, 1984.

4.     MABI MULUMBA, E., Les dérives d’une gestion prédatrice, Le cas du Zaïre devenu République Démocratique du Congo, Editions CEDI, Kinshasa, 2002.

5.     MAMBI, T.B., H., Kleptocratie et mensonges en politique au Congo-Kinshasa, Résilience des citoyens pour sauver la République, p. de couverture, Academia-L’Harmattan, Louvain-La-Neuve, Bruxelles, 2021.

6.     MBEMBA, F. D.L., T., Aliments et denrées alimentaires traditionnels du Bandundu en R.D. Congo, Répertoire et composition en nutriments, L’Harmattan RDC, France, 2013.

7.     MULUMBATI, N., Sociologie politique, Editions AFRICA, Lubumbashi/Zaïre, 1984.  

8.     MUNAYENO, M.D., et PIDIKA, M. D., Covid-19 au Congo-Kinshasa, Représentations sociales et gestion publique au cœur d’une crise sanitaire, L’Harmattan, Paris, 2021.

9.     NGOMPER, I. R., Syndicalisme congolais et actions sociologiques politiques en période de démocratisation, Essai de Sociologique du syndicalisme en RDC, L’Harmattan, 2022, Paris.

10.  TREFON, T., Ordre et désordre à Kinshasa, Réponses populaires à la faillite de l’Etat, L’Harmattan, Paris, 2004. 

11.  SHOMBA, K. S., Méthodologie et Epistémologie de la recherche scientifique, Presses de l’Université de Kinshasa, Kinshasa, 2013.

II.      ARTICLES/REVUES

1.     BONGELI, Y. Y.A., E., Politique et économie, in Analyses sociales, Numéro spécial 2020, L.A.S.K., Kinshasa, RDC, 2020-2021. 

2.     BONGELI, Y.Y.A. E. et BISA, K., M., « Coronavirus : spéculations osées », in Analyses sociales, Numéro spécial 2020, L.A.S.K., Kinshasa, 2020-2021.

3.     HANF, T., Un pays destiné au pillage ? Essai de situer la crise congolaise, in La République Démocratique du Congo, une démocratisation au bout de fusil, Publications de la Fondation Konrad Adenauer, Kinshasa, 2006. 

4.     KAYEMBE, K., D., Mboka bolumbu, Les Leçons de la COVID-19 à 95 millions de Congolais, in Le Carrefour congolais, Volume 1, N° 4, 2020, Kinshasa, Octobre 2020.

5.     BENHARRATS, S. S., et MALIKA, D., Nouvelles Dynamiques Africaines. Revue d’expertise sociale, Appel à contribution pour le N0 6. Les Afriques au temps de la Covid-19, 2022. 

6.     KASESHI M., A.D., Libéralisme, Capitalisme et Développement. Quelles  leçons  pour l’Afrique post COVID-19 ? in Congo-Afrique, Economie-Politique-Vie sociale-Culture, NUMÉRO 546 JUIN-JUILLET-AOÛT 2020, Kinshasa-Gombe, Juin-Juillet-Août, 2020.

7.     LIYONGO, E. J., La Gauche révolutionnaire incarnée par l’Union Générale des Etudiants Congolais au Congo-Kinshasa (1961-1971), Ecriture d’une histoire politique particulière, Article sous presse au CODESRIA, Sénégal.

8.     MUTOY, M., L’Union Africaine et la lutte contre les pandémies en  Afrique : Du  VIH/SIDA au COVID-19*, Spécial Covid-19, Et ses conséquences socio-économiques, politiques et culturelles en RD Congo et en Afrique, in Congo-Afrique, Economie-Politique-Vie sociale-Culture, NUMÉRO 546, Kinshasa-Gombe, Juin-Juillet-Août, 2020.

9.     LUBANZA, M. A., Les dessous des oripeaux idéologiques des partis politiques congolais, in le degré zéro de la dynamique politique en République Démocratique du Congo 1960-2018, ICREDES, Kinshasa-Montréal-Washington, MEDIASPAUL, Kinshasa, 2018.

10.  SHOMBA, K., S., Des mesures barrières contre la Covid-19 à l’épreuve de la culture permissive de Kinshasa, in Mboka bolumbu, les Leçons de la COVID-19 à 95 millions de Congolais, Le Carrefour congolais, Volume 1, N° 4, Revue du Département d’Anthropologie de l’Université de Kinshasa, 2020.

11.  NZADI-A-NZADI, A., COVID-19 : DES LEÇONS À TIRER POUR LA RD CONGO ET POUR L’AFRIQUE, in Congo-Afrique, in Congo-Afrique, Economie-Politique-Vie sociale-Culture, NUMÉRO 546, Kinshasa-Gombe, Juin-Juillet-Août, 2020.

12.  OLELA, N. D., Mobiliser la richesse des pauvres dans le secteur informel par la recherche-action et l’enseignement. Une approche conceptuelle de l’objet, in MES, N° 70, Kinshasa, 2012. 

 III.    THESES

1.     EBWEME, Y., J., Gentrification politique en Afrique centrale francophone, Cas de la République Démocratique du Congo, Thèse de doctorat en Sociologie, F.S.S.A.P., UNIKIN, 2018-2019.

2.     LUBANZA, M. S., Automédication et vulnérabilité de la population de Kinshasa, Thèse de doctorat en Anthropologie, FSSAP, Unikin, 2022. 

3.     KASHIAMA, B. D., Apports de l’alimentation dans la gestion de la santé chez les AMBUUN (en RDC), Thèse de doctorat en Anthropologie médicale, F.S.S.A.P., UNIKIN, 2013-2014.

4.     TSAMBU, B. L., Luttes symboliques et enjeu de domination sur l’espace de la musique populaire à Kinshasa, Critique praxéologique des sociabilités de la scène musicale kinoise (1990-2010), Thèse de doctorat en Sociologie, FSSAP, UNIKIN, 2012.

DEA/MEMOIRES DE 3ème Cycle

1.     WHANNOU, S., T., Mémoire de Master 2 en Droit Communautaire Africain, p. 14, Université de BOUAKE (Côte d’Ivoire), 2008-2009, MEMOIRE ONLINE, disponible en mode multipage, lu le 18/10/2019, 14 heures 29 à Kinshasa.

2.     MULA, E. B., J.R., Le Patronat congolais à l’épreuve de l’affairisme : Une approche managériale focalisée sur le protectionnisme libéral. Cas de la FEC/Kinshasa, inédit, Mémoire de DEA en Sciences politiques, FSSAP, Unikin, 2021-2022.

IV.     SEMINAIRES/DEA

1. OSOKONDA, O., B. , Séminaire d’Anthropologie sociale approfondie, inédit, 3ème Cycle en Anthropologie, FSSAP, Unikin, 2021-2022.

V. ATELIERS SCIENTIFIQUES

1. Denzin, Méthodes qualitatives en recherche sociale sur les maladies tropicales, Rapport du matériel didactique à Darda et N’Djamena, 6-24 octobre 1997, TDR/RCS/MQRS/02.1, 2002

VI. COURS

1.     KANYINDA-LUSANGA, Introduction à la Science Politique, inédit, 1er Graduat, Sciences Politiques et Administratives, UNIKIN, 1990-1991.

VII. DOCUMENTS DIVERS

1.Rapport Mapping de l’ONU du 1er octobre 2010.

VIII. INTERNET

IX.     MEDIAS AUDIO-VISUELS

a) AUDIO

1. France 24, édition du soir du 20/10/2022  à Kinshasa.

b) VISUELS

1.     La Tempête des Tropiques, n° 6769, du lundi 03 octobre 2022.

2.     Le Phare, FARDC, PNC, Renseignements : les écuries à nettoyer à fond, n° 6906 du 27/09/2022, Kinshasa.

3.     Le Phare, Covid-19 : Denise Nyakeru et Félix Tshisekedi vaccinés, N° 6644, du 14/09/2021, Kinshasa.

4.     Le Phare, Interview à Denis Mukwege : « La situation est explosive à l’Est du Congo et nous devons agir vite », Kinshasa, du 02. 10. 2020.

5.     Le Phare, « La pandémie nous a montré qu’il n’existe qu’une planète, qu’une santé et que nos sorts sont liés », N° 6397, du 24/09/2020, Kinshasa.

 

 

 

 

 


 

 

 

C

es dernières années, le volume des marchandises circulant à travers les frontières et la valeur du commerce international ont augmenté de manière exponentielle à l’échelle mondiale. Pourtant, les échanges commerciaux de l’Afrique avec le reste du monde n’ont cessé de diminuer, passant de 10 % en 1950 à environ 2,5 % en 2008. De plus, les échanges au sein du continent africain ont été très faibles.

En effet, il résulte des données récentes qu’au cours des dernières décennies, le commerce intra-africain représente en moyenne environ 10 à 12 % des échanges. Si on les compare à ceux réalisés dans les autres régions du monde, les résultats commerciaux obtenus par l’Afrique à l’intérieur de ses frontières ont besoin d’être substantiellement améliorés.

Cette amélioration pourrait être obtenue, si l’on vient à bout des contraintes qui entravent les échanges intra- africains. Malgré la détermination de l’Afrique de supprimer les restrictions au commerce afin de créer un marché commun dans le cadre d’accords régionaux et sous- régionaux, les obstacles au développement du commerce au sein des communautés économiques régionales demeurent nombreux.                      

 Ces obstacles sont pour la plupart la conséquence de structures économiques et de politiques institutionnelles mal adaptées, de la faiblesse des infrastructures, des marchés financiers et de capitaux et de la non application des protocoles commerciaux.

Le faible niveau du commerce intra- africain est en partie dû au fait que la structure de l’économie est généralement analogue dans tous les pays africains. De plus, ces économies sont confrontées à des obstacles à cause de la faible capacité du secteur manufacturier, du manque de diversification de la production, de l’insuffisance de la coordination et de l’harmonisation de la production et des politiques de marketing.

À cela s’ajoute le fait que les économies africaines sont tributaires de très rares produits de base agricoles et miniers pour leurs exportations et importent essentiellement des produits manufacturés. L’insuffisance de l’infrastructure et des politiques institutionnelles est en partie responsable de la faiblesse des échanges intra- africains.

Par exemple, seuls 30 % du réseau routier africain sont revêtus, ce qui contribue à la cherté des coûts de transport en Afrique. Le réseau ferroviaire est très peu développé sur le continent. Ces facteurs contribuent au coût élevé des transports sur le continent, par rapport à ceux pratiqués dans le reste du monde. Les nombreux barrages routiers et postes de contrôle installés sur certaines routes africaines retardent la livraison des marchandises, renchérissent le transport et limitent la libre circulation des marchandises, des personnes, et des investissements. Les barrages routiers sont à l’origine de pertes substantielles de recettes à cause d’activités visant l’obtention d’avantages personnels par des agents de l’État corrompus.

Les administrations des douanes africaines doivent améliorer leur efficacité. Actuellement, la majorité des réglementations douanières africaines renforcent ces obstacles au commerce car elles exigent trop de documents à remplir manuellement en raison de la non- automatisation et de l’inexistence de Technologies de l’Information et de Communication (TIC).  De surcroît, les procédures douanières appliquées sont dépassées et manquent de transparence, de prévisibilité et d’harmonie.

Toutes ces insuffisances et ces retards ne peuvent qu’augmenter les coûts de transaction. L’archaïsme des systèmes de paiement et d’assurance ralentit également le flux du commerce transfrontalier sur le continent. De plus, le financement du commerce extérieur, les facilités de crédit à l’exportation et les systèmes d’assurance à l’exportation sont inexistants dans la plupart des pays africains.

Du fait que les règlementations monétaire et financière ne sont pas harmonisées aux niveaux régional, sous-régional et national, il n’y a pas de convertibilité entre les monnaies africaines.  S’agissant de l’assurance, un écart existe entre les besoins des exportateurs et les services et produits proposés du côté de l’offre.

Pour résoudre ces problèmes en vue de propulser leurs échanges intra-africains, la plupart des Communautés Economiques Régionales africaines (CER) ont mis en place des instruments de facilitation des échanges.                     

C’est le cas de Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe, COMESA, en sigle. En effet, cette communauté a adopté un programme global de facilitation du commerce qui ne vise pas uniquement à supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires, mais également à appliquer de nombreuses mesures tendant à simplifier le commerce et à abaisser les coûts encourus au titre des activités commerciales.

Ainsi, cette étude tente d’évaluer l’incidence de mesures de facilitation des échanges adoptés par le COMESA sur le commerce intra-COMESA. Pour ce faire, cette étude, hormis l’introduction et la conclusion s’articule autour de deux points : le premier point analyse les concepts opératoires de notre étude et le deuxième évalue l’impact des instruments de facilitation du commerce sur les échanges intra-COMESA.

I. Communautés Economiques Régionales,  Commerce intra -régional, intégration économique  régionale et facilitation des échanges

Il est nécessaire d’analyser les concepts opératoires de notre étude à savoir les communautés économiques régionales, le commerce intrarégional, l’intégration économique régionale et la facilitation du commerce et d’établir aussi les liens qui peuvent exister entre « le commerce », l’« intégration régionale » et « la « facilitation du commerce ».

I.1. Communautés Economiques Régionales

Les communautés économiques régionales (CER) sont des regroupements régionaux d’États africains et sont les piliers de l’UA. Toutes ont été constituées avant le lancement de l’UA, se sont développées individuellement et ont des rôles et des structures différentes.

Les CER ont pour but de faciliter l’intégration économique régionale entre les membres de chacune des régions et au sein de la grande Communauté économique africaine (CEA), créée dans le cadre du Traité d’Abuja (1991). Ce traité, entré en vigueur depuis 1994, ambitionne en définitive de créer un marché commun africain en utilisant les CER comme éléments de base.

L’UA reconnait huit CER à savoir :

Ø  L’Union du Maghreb arabe (UMA)

Ø  Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA)

Ø  Communauté des États Sahélo Sahariens (CEN–SAD)

Ø  Communauté d’Afrique de l’Est (CAE)

Ø  Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC)

Ø  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)

Ø  Autorité Intergouvernementale sur le Développement (IGAD)

Ø  Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)

 

I.2. Le commerce intrarégional

Le commerce intrarégional se réfère aux échanges commerciaux, à la circulation des biens et services entre les différentes zones d’une même région. Il permet d’évaluer la cohésion territoriale et la complémentarité entre les espaces concernés.

I.3.Intégration économique régionale

David RICARDO définit l’intégration économique comme une nécessité du commerce international, laquelle nécessité est dictée par l’interdépendance des ressources et disponibilités entre des unités conduisant ainsi à la réalisation de l’intégration. (KABENGELE DIBWE, 2008)

Pour PAD UGO, l’intégration économique est un processus d’élimination progressive d’obstacles aux échanges entre plusieurs pays, de confrontation entre les politiques respectives, un processus de coordination et d’harmonisation des directives principales. (NTUAREMBA, L, 2008)

TINBERGEN définit pour sa part l’intégration économique comme la création des structures plus favorables à l’économie internationale et susceptible d’introduire tous les éléments favorables à la coordination et à l’unification des Etats. (NTUAREMBA, L, 2008)

I.4.Facilitation du commerce ou des échanges

I.4.1.Définition

Il n’existe pas de perception universelle bien claire de ce qu’est la facilitation du commerce, ce qui traduirait des divergences, et une certaine évolution des vues, quant à ce que devraient être les réformes visant à réduire les frais de commercialisation.

Au sens étroit, la facilitation du commerce désigne simplement la logistique de circulation des marchandises à travers les ports ou plus précisément la documentation associée au commerce transfrontière. De plus récentes définitions ont été élargies à l’environnement au sein duquel s’inscrivent les échanges commerciaux, c’est-à-dire la transparence et le professionnalisme des douanes et des agences de régulation, ainsi que l’harmonisation des normes et la conformité aux réglementations internationales et régionales. (LISINGE, R, T, 2005)

La Chambre de commerce international, par exemple, définit la facilitation du commerce comme étant « l’adoption d’une approche globale et intégrée en vue de simplifier et de réduire le coût des échanges commerciaux internationaux et de garantir que les activités pertinentes, fondées sur des normes et standards internationalement acceptés et de bonnes pratiques professionnelles se déroulent de façon efficace, transparente et prévisible ». (. LISINGE, R., T, 2005)

Selon l’OMC, il s’agit de la simplification et de l’harmonisation des procédures du commerce international concernant les activités, pratiques et formalités relatives à la collecte, la présentation, la communication et au traitement des données nécessaires à la circulation des biens dans le cadre du commerce international. (CUA, UA, CEA, 2010)

Exprimée en termes simples, la facilitation du commerce peut être conçue comme la simplification des échanges commerciaux entre partenaires. Ces échanges consistent au sens large, pour les commerçants, à respecter les règles nationales, et pour les autorités, à faire respecter ces règles (y compris celles concernant les taxes). (CUA, UA, CEA, 2010)

Ils englobent également l’échange de renseignements, le financement, l’assurance, les TIC et les services juridiques, le transport, la manutention, le mesurage et l’entreposage. Cela implique que l’intervention des autorités dans ces domaines des échanges commerciaux a une incidence sur le montant des coûts de transaction. (CUA, UA, CEA, 2010)

1.4.2. Objectifs de la facilitation

La facilitation concerne les formalités, procédures, documents et opérations liés aux transactions commerciales internationales. Ses objectifs sont la simplification, l’harmonisation et la normalisation afin que les transactions deviennent plus faciles, plus rapides et plus économiques qu’auparavant. Pour que ces objectifs soient atteints, il est indispensable que toutes les parties concernées soient consultées. (NATIONS UNIES, 2001)  

1.4. 3. L’importance de la facilitation du commerce

L’importance de la facilitation du commerce résulte de l’intensification rapide des échanges mondiaux au cours des dernières années suite à la réduction progressive des tarifs et des quotas résultant de la libéralisation du commerce. D’autant que les  marchandises traversent les frontières et sont soumises à des formalités douanières que leurs importateurs doivent remplir, exerçant ainsi une pression sur les moyens dont disposent les agents des douanes et d’autres fonctionnaires.

Dans le même temps, les entreprises sont découragées par les coûts de transaction croissants ainsi que par le temps que prend le traitement des dossiers aux frontières et le temps d’attente non nécessaire.

La concurrence et les conditions d’activités commerciales en constant changement imposent l’application de techniques efficaces en matière de facilitation des échanges, en raison de la nécessaire rapidité de livraison des produits. Dans l’environnement économique actuel, un fabricant compte sur des livraisons ininterrompues et ne peut pas se permettre d’avoir sa marchandise bloquée à la frontière à cause de procédures et d’exigences douanières non nécessaires ou trop compliquées.              

Des procédures inefficaces à la frontière ont fait accroitre les coûts des échanges, non seulement pour les gouvernements et les entreprises, mais aussi pour les contribuables et les consommateurs.

En outre, la mondialisation et la concurrence internationale incitent les sociétés internationales à utiliser divers endroits pour s’approvisionner en éléments nécessaires ou en produits finals ou pour les fabriquer ; sans compter que les accords commerciaux préférentiels ont mis en place des règles d’origine complexes dans les opérations commerciales internationales. Toutes ces conditions, qui sont fluctuantes et dynamiques, militent en faveur de l’amélioration des procédures de facilitation des échanges. (CUA UA, CEA, 2010)

Le caractère indispensable de la facilitation du commerce découle du fait que les commerçants encourent à la fois les coûts directs liés au passage de la frontière, qui s’accompagnent de la fourniture de renseignements et de documents aux autorités compétentes, et des coûts indirects, tels que ceux occasionnés par les temps d’attente liés à l’exécution des procédures, par les affaires manquées et le manque de prévisibilité dans les règlements. (CUA, UA, CEA, 2010)

Il ressort d’enquêtes menées par l’OCDE que ces coûts indirects représenteraient 2à 15 % des marchandises faisant l’objet d’un commerce. L’inefficacité des procédures à la frontière impose également des coûts aux gouvernements sous forme de manque à gagner, de contrebande et de difficultés liées à l’application des politiques commerciales. Améliorer l’efficacité des procédures à la frontière est susceptible d’augmenter considérablement les recettes douanières, malgré la réduction des droits découlant de la libéralisation du commerce. (CUA, UA, CEA, 2010)

La facilitation du commerce a pour principale répercussion sur les échanges internationaux de permettre aux fabricants et aux négociants d’acheter et de vendre leurs biens et services à l’étranger plus facilement, de manière plus fiable et à moindre coût. Comme les droits de douane diminuent et que les échanges de biens manufacturés et intermédiaires deviennent de plus en plus tributaires de facteurs tels que la fiabilité et la rapidité, les mesures de facilitation des échanges gagnent en importance. (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, 2014)

I.4. Liens entre commerce, intégration régionale et facilitation du commerce

1.4.1.  Commerce  et intégration régionale

L’intégration régionale joue un rôle non négligeable dans le développement du commerce. En effet «  Les frontières nationales constituent à elles seules un obstacle de taille à l’harmonisation des échanges internationaux. Aussi les effets de l’intégration visent avant tout leur suppression progressive par l’abolition de toutes les restrictions entre les pays de la zone, en vue de la fusion de leurs marchés et de leurs politiques économiques. (MAYUNGA LENGI-LENGI, 2003)

L’élimination des barrières permet aux petits marchés à l’intérieur des frontières nationales  de s’ouvrir pour créer des marchés régionaux permettant de faire des économies d’échelle et de maintenir les systèmes de production et les marchés. Lorsque des marchés régionaux sont élargis et des systèmes de production plus efficaces sont mis en place, la compétitivité se trouve renforcée, ce qui  permet d’élargir la part dans le marché mondial. (MAYUNGA LENGI-LENGI, 2019)

L’intégration régionale permet donc l’élargissement de marchés et un resserrement des liens commerciaux entre les pays membres. Elle est une grande source potentielle d’accroissement des échanges, d’efficience économique et de la croissance en général.

I.4.2. Facilitation des échanges  et le commerce

Plusieurs études montrent que même les réductions modestes des coûts de transaction, telles que celles induites par les longues procédures à la frontière entraine une augmentation des échanges.

Une meilleure facilitation des échanges profite aux pays riches comme aux pays pauvres, même si ces derniers en bénéficient d’avantages commerciaux relativement élevés en raison de l’inefficacité relative de leurs systèmes actuels et du fait que les activités commerciales des petites et moyennes entreprises (PME) agroalimentaires, qui ont le plus pâti de l’inefficacité des procédures, revêtent une importance cruciale pour les économies de ces pays.

Un certain nombre d’études ont pu permettre de vérifier quantitativement le lien qui existe entre la facilitation des échanges et les flux commerciaux.

L’analyse de ces études par l’OCDE en 2005 a abouti aux conclusions  suivantes:

-        Il existe un lien positif entre la facilitation des échanges et le commerce, car même une légère réduction des coûts de transaction augmente considérablement les flux commerciaux;

-        Le commerce, dans les pays riches comme dans le pays pauvres bénéficie des avantages de facilitation des échanges. Toutefois, ces avantages tirés du commerce sont plus importants dans les pays en développement que dans les pays développés, à cause de l’inefficacité  d’administrations douanières et portuaires  dans les pays en développement comparativement à celles des pays développés.

-        Les pays qui entreprennent des réformes relatives à la facilitation des échanges devront normalement tirer davantage parti d’une meilleure efficacité des procédures douanières;

-        Les avantages qu’on pourrait tirer d’une efficacité accrue des services portuaires sont beaucoup plus importants que ceux générés par davantage d’efficacité dans les procédures douanières. Ce qui signifie que de meilleures procédures douanières augmentent considérablement les flux commerciaux;

-        Une circulation inefficace des marchandises à travers les frontières freine sérieusement les échanges et la croissance.

II. La facilitation du commerce et la promotion du commerce intra-COMESA

II.1. Les instruments de facilitation du commerce de COMESA

Le COMESA a adopté un programme global de facilitation du commerce qui ne vise pas uniquement à supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires, mais également à appliquer de nombreuses mesures tendant à simplifier le commerce et à abaisser les coûts encourus au titre des activités commerciales.

Ce faisant, le COMESA s’efforce de promouvoir également la compétitivité sur les marchés régionaux et mondiaux et a mis en place les mesures importantes suivantes :

-        Harmonisation des frais de trafic routier : Elle a été adoptée en 1991 et a été mise en œuvre dans au moins 15 des États membres ;

-        Harmonisation des limites de la charge par essieu :

Elle a été appliquée dans 16 pays ;

-        Licence de transporteur et des plaques d’immatriculation de transit : Elle a été exigée dans la plupart des pays membres depuis 1998 ;

-        Interconnexion des télécommunications

Un réseau de télécommunications fiable, efficace et économique faciliterait grandement l’intégration économique de la région. Il est reconnu que le réseau existant n’est pas adéquat pour répondre aux besoins des usagers et la pratique actuelle de faire passer le trafic des télécommunications régionales via des pays extérieurs (principalement d’Europe) rend très difficile l’adoption de tarifs compétitifs. (COMESA, 2018)

Pour résoudre ce problème, le COMESA a entrepris la création d’une société privée à responsabilité limitée, COMTEL, qui va construire un mode de transfert asynchrone (MTA), lequel reliera tous les systèmes nationaux. Alors que l’édification d’une infrastructure de passerelle à passerelle constitue la priorité de COMTEL, les installations nationales sont également importantes ; il est donc indispensable que les États membres du COMESA continuent à développer et à améliorer leurs propres infrastructures.

La compagnie COMTEL aura un partenaire à participation stratégique qui détiendra 30 pour cent du capital, le reste étant dans les mains des opérateurs nationaux des télécommunications (25%) et des investisseurs du secteur privé (45%). Le coût total de l’investissement est estimé à 300 millions USD.

-        Document de déclaration de transit douanier routier: En usage depuis 1986;

-        Système d’informations anticipées sur les marchandises: est un système informatisé qui suit le mouvement des marchandises et du matériel de transport dans les ports, sur les chemins de fer, les routes et les lacs;

-        Les Postes-frontières à guichet unique (PFGU)

Le PFGU de Chirundu a été inauguré en décembre 2009 dans le cadre d’un Accord bilatéral entre le Zimbabwe et la Zambie. Ce fut le tout premier PFGU en Afrique.

Le PFGU de Chirundu avait pour objectif principal de faciliter les échanges commerciaux en réduisant le temps des formalités à la frontière, et partant, les transactions transfrontières, ce qui devait contribuer ainsi à améliorer la compétitivité de la région. Un PFGU juxtaposé a été installé à Chirundu avec une zone de contrôle commune qui permet aux services de frontières de partager les installations et ainsi éliminer les doubles emplois. En fin de compte, un système informatisé communautaire sera établi pour faire du PFGU une installation de traitement des formalités à guichet unique. (COMESA, 2018)

-        Système de la carte jaune :

Carte jaune du COMESA est essentiellement un système régional d’assurance automobile responsabilité civile accompagné d’une indemnisation pour les frais médicaux résultant d’accidents de la route causés par des automobilistes visiteurs. L’assurance responsabilité civile se limite aux dispositions de la loi sur la responsabilité civile routière en vigueur dans le pays visité où survient un accident. Une Carte jaune émise dans un État membre du COMESA est  valable dans tous les autres pays participant au régime.

Le Régime de la Carte jaune est opérationnel dans 13 pays et plus de 200 entreprises de la région y participent.

-        Régime de garantie du cautionnement douanier: Il vise à supprimer les coûts administratifs et financiers évitables liés aux garanties du cautionnement douanier national pour le trafic de transit;

-        Système douanier informatisé (SYDONIA): Un système de données douanières informatisées qui enregistre les bordereaux, les déclarations en douane, les procédures comptables douanières, la vérification des documents et le contrôle des marchandises, l’entreposage, les licences et permis d’importer et d’exporter et les procédures de traitement du commerce extérieur: il permet un dédouanement plus rapide des marchandises et la production en temps voulu de statistiques commerciales et douanières précises, fiables;

-        Classification uniforme des marchandises;

-        Réglementation statistique commune: Elle permet la collecte, la compilation, l’analyse et la production systématiques et détaillées des statistiques du commerce extérieur. EUROTRACE utilise des statistiques du commerce extérieur générées par SYDONIA aux mêmes fins;

-         Simplification et harmonisation des documents et procédures du commerce: Le document de déclaration en douane du COMESA sert au dédouanement des exportations et des importations, au transit et à l’entreposage, remplaçant ainsi tous les formulaires de déclaration utilisés par les États membres;

-        Établissement de règles communes de la concurrence et harmonisation des normes techniques et des procédures de certification;

-        Services d’information commerciale: Ils facilitent les échanges grâce aux bases de données informatisées, aux annuaires professionnels, aux enquêtes sur le commerce et aux bulletins d’information mensuels. Des progrès ont été réalisés pour ce qui est de développer leurs capacités aux fins d’une mise en réseau à l’échelle régionale;

-        Services d’appui au commerce: Ils servent à renforcer des groupements professionnels tels que la Eastern and Southern African Business Organization, les chambres de commerce et autres entités commerciales, consultatives et de promotion des échanges.

-        Licence de transport du COMESA

La Licence de transport du COMESA permet aux véhicules de transport des marchandises d’avoir une licence unique, valide à travers toute la région, de sorte qu’ils peuvent être utilisés dans tous les États membres. Cette pratique signifie que les camions peuvent charger des marchandises au retour, ce qui rentabilise le parc automobile régional et réduit le coût du commerce régional. (COMESA, 2018)          

La licence a été introduite en 1991 et est actuellement utilisée dans 11 pays continentaux : Burundi, Érythrée, Eswatini, Éthiopie, Kenya, Malawi, Ouganda, Rwanda, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

-        Le Régime régional de garantie du transit sous douane –Carnet RGTD

Le Régime régional de garantie du transit sous douane du COMESA, plus connu sous le nom de Carnet RGTD, est un régime de transit douanier conçu pour faciliter le mouvement des marchandises en transit sous scellés 21 dans la région COMESA. (COMESA, 2018)

Le RGTD est une composante du Protocole du COMESA sur le commerce de transit et la facilitation du transit, Annexe I du Traité du COMESA, qui stipule notamment que tous les États membres sont tenus de mettre en œuvre des mesures de transit et de douane visant à supprimer les obstacles au commerce et au transport dans la région.

L’Accord sur le RGTD a été signé et ratifié par 12 États membres et non membres du COMESA : Burundi, Djibouti, Éthiopie, Madagascar, Malawi, Kenya, Ouganda, Rwanda, RDC, Soudan, Tanzanie et Zimbabwe. Les travaux d’élaboration des modalités de fonctionnement et des dispositifs institutionnels ont débuté en 2002 et la mise en œuvre du programme a commencé en 2012.

Les garanties du transit sous douane ont pour objectif de permettre aux différents gouvernements de recouvrer les droits et taxes auprès des garants si les marchandises en transit sont illégalement écoulées pour mise à la consommation dans le pays de transit. (COMESA, 2018).

Les États membres du COMESA ont convenu de mettre en place un système régional de garantie du transit sous douane afin de remédier aux difficultés rencontrées par les opérateurs de transport, les transitaires et les agents en douane tout en offrant aux administrations des douanes un système de contrôle régional sécurisé qui remplace les pratiques et procédures en vigueur au niveau national. Le dispositif permet en même temps de protéger les recettes de chaque État par lequel transitent les marchandises.

II.2. Le commerce  intra-COMESA

Pour promouvoir le commerce intra-communautaire, le COMESA a mis en place une politique commerciale régionale.

Cette politique commerciale régionale du COMESA a déjà été adoptée par les Etats membres. Le cœur de la politique a la forme de trois piliers (COMESA, 2011)

1.      Les Etats membres conviennent de mettre en place des taux zéro de tarifs internes tout en maintenant une politique  commerciale indépendante envers les pays tiers pour  réaliser  la  zone  de libre-échange ;

2.      Les Etats membres conviennent d’établir un tarif extérieur commun pour former une union douanière ;

3.      Les Etats membres conviennent d’éliminer des barrières aux mouvements de la main d’œuvre et de capital pour réaliser un marché  commun.

Le but principal de la politique commerciale est d’atteindre une variété d’objectifs économiques et sociaux, y compris la génération d’emploi, la création de richesses et la prise  en compte  de la  dimension  genre.

II.2.1. Le contenu  du commerce  intra-COMESA

Le tableau ci-après présente les principaux produits d’exportation et d’importation intra-COMESA.

Tableau I. Les principaux produits d’exportation et d’importation du commerce intra-COMESA

 

-           Minerais de cuivre  et  leurs  concentrés ;

-           Ciment  portland ;

-           Thé  noir  fermenté  et  partiellement  fermenté ;

-           Acide sulfurique, olium ;

-           Huile de pétrole et  huile obtenue des matériaux  bitumeux ;

-           Oxydes et  hydroxydes  de cobalt, oxydes  de cobalt ;

-           Minerais de  cobalt  et leurs  concentrés ;

-    Carreaux et dalles de pavement ou de revêtement, vernissés  ou émaillés ;

-           Tabacs  non écotés/brut ;

-    Sucre de canne ou de betterave et saccharose chimiques pur, sous forme solide ;

-           Café non tarifié, non décaféiné ;

-           Maïs  non moulu ;

-           Sucre de canne brut ;

-           Arbre, travertin et albâtre ;

-           Médicaments ;

-    Articles de transport ou d’emballage, bouchons, couvercle, capsules ;

-           Graine de sésame ;

-           Energie électrique ;

-           Véhicules  automobiles pour le transport des marchandises ;

-    Solutions concentrées d’huile essentielles dans les graisses des types utilisées dans l’industrie alimentaire et l’industrie des boissons ;

-           Cuivre affiné ;

-           Maïs de semence ;

-           Autres maïs non usinés ;

-    Animaux vivants de l’espèce  bovine autres que  reproducteurs  de la race  pure ;

-           Sucre de betterave  brut ;

-    Huiles et autres produits, n.d.a, aux constituants non aromatiques;

-           Paillette de cuivre ;

-    Palettes, caisses-palettes et autres plateaux de chargement en bois ;

-           Pétrole brut ;

-           Tables, panneaux, consolés, pupitres, armoires ;

-           Compacteuses et  rouleaux  compresseurs  autopropulsés ;

-           Butanes  liquéfiés ;

-           Huile  de palme  raffinée  de ses fractions ;

-           Cigarettes, contenant  du  tabac ;

-             Produits  ferreux  obtenus  par  réduction  directe  des minerais  de fer ;

-           Plaques, feuilles de  ruban  de cuivre  affiné ;

-           Câble coaxial et autres conducteurs électriques coaxiaux ;

-           Mélange de  substances odoriférantes ;

-           Ouvrages en fer ou acier ;

-           Carreaux, blocs  en céramique  émaillée et produits  similaires.

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données recueillies dans les rapports annuels du COMESA


 

 

 

 


II.2.2. L’évolution du commerce  intra-COMESA

 

Le tableau ci-après présente l’évolution du commerce intra-COMESA.

 

Tableau II. Le commerce intra- COMESA/2000-2015, en millions USD


Source : élaboré par nous-mêmes sur base des données recueillies dans les rapports annuels du COMESA.

 

Le tableau sur l’évolution du commerce intra-COMESA montre que les échanges intra-COMESA sont passés de 3,1 milliards d’USD en 2000 à plus de 20,8 milliards en 2013, avant de chuter à 19 milliards USD en 2015. Les exportations sont passées de 1,6 à 9,6 milliards d’USD, tandis que les importations sont passées de 1,4 à 9,3 milliards de USD, pour la même période. Nous pouvons souligner à ce niveau que les échanges intra-COMESA ont enregistré un certain accroissement, cependant ces échangent demeurent encore modestes car ne reflétant pas les potentialités commerciales dont regorgent des pays membres.


 




II.2.3. L’incidence des instruments de facilitation du commerce sur le commerce intra-COMESA.

Pour évaluer l’incidence des mesures de facilitation du commerce sur le commerce intra-COMESA, il est nécessaire d’analyser le poids du commerce intra-COMESA par rapport au Commerce mondial de cette communauté. Il s’agit ici de déterminer la part du commerce intra-COMESA dans le commerce global de cette communauté économique régionale.

Le tableau ci-après montre la part du commerce intra-COMESA par rapport au commerce mondial de cette communauté.

 




 


Tableau III. La part du commerce intra- COMESA dans le commerce global du COMESA en %

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Elaboré par nous-mêmes sur base des données recueillies dans les rapports annuels du COMESA.





Il ressort de l’observation du tableau sur la part du commerce intra-COMESA dans le commerce mondial de cette communauté que cette part est faible. Elle   oscille entre 5 et 8% du commerce global de cette CER. Elle est évaluée à 6,4% en moyenne par an pour la période allant de 2000 à 2015. Il en résulte que les instruments de facilitation du commerce n’ont pas propulsé le commerce intra-COMESA.

Cette situation confirme la réalité selon laquelle « les pays africains font l’essentiel de leur commerce avec les puissances extérieures, notamment l’Union Européenne et la Chine actuellement ».

L’incapacité des instruments de facilitation des échanges à doper le commerce intra-COMESA résulte de certains obstacles qui entravent leur application.

II.2.4. Obstacles à l’application des instruments de facilitation du commerce de COMESA

La mise en application des instruments de facilitation du commerce de COMESA est confrontée aux problèmes ci-après :

-        L’absence de politiques harmonisées et de régimes réglementaires ;

-        Le manque de directives et de procédures clairement définis au niveau régional ;

-        Les pays membres sont conscients de ce qu’il faut mettre en œuvre mais ne savent pas comment procéder ;

-        Le manque de reconnaissance mutuelle des régimes d’agrément et des autres documents de contrôle (dans le transport maritime et l’aviation civile, ce type de reconnaissance mutuelle existe).

 


 

CONCLUSION

Les mesures destinées à faciliter les échanges sont de plus en plus considérées par les communautés économiques régionales (CER) comme essentielles pour aider leurs pays membres et l’Afrique, dans son ensemble, à développer le commerce. À cette fin, les CER ont mis en œuvre des programmes visant à simplifier et à harmoniser les procédures commerciales nécessaires à la circulation des biens dans leur sous- région. Ces procédures sont constamment élargies pour inclure les obstacles techniques au commerce, la politique de concurrence, les marchés publics et la transparence en général.

C’est le cas de COMESA qui a adopté un programme global de facilitation du commerce qui ne vise pas uniquement à supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires, mais également à appliquer de nombreuses mesures tendant à simplifier le commerce et à abaisser les coûts encourus au titre des activités commerciales.

Cependant l’application de ces mesures n’a pas donné des résultats escomptés car ces outils de facilitation du commerce n’ont pas propulsé le commerce intra-COMESA. Les échanges entre pays membres du COMESA oscillent entre 5 et 8 %. La part du commerce intra-COMESA par rapport au commerce mondial de cette organisation est de 6,4% en moyenne par an   pour la période allant de 2000 à 2015.

Cette situation démontre que les pays membres du COMESA  font  l’essentiel  de leur  commerce  avec les puissances extra-COMESA.

De ce qui précède, malgré les obstacles qui entravent une meilleure application des mesures de facilitation du commerce,  il apparait clairement que ces mesures à elles seules ne suffisent pas de doper le commerce intra-COMESA,  car ce commerce est aussi confronté à d’autres problèmes  qui méritent des solutions. Ces problèmes sont notamment  ceux liés aux structures économiques, aux options prises dans la mise en œuvre des accords de coopération et les problèmes  liés aux infrastructures.

En ce qui concerne   les problèmes  liés aux  structures économiques, il est nécessaire de souligner que les économies  du COMESA sont caractérisées par leur extraversion. L’une des contraintes au développement du commerce intra-régional réside dans la domination de leurs exportations par un nombre très limité de principaux produits primaires agricoles et miniers. Les économies des pays du COMESA se caractérisent ainsi par une dépendance vis-à-vis d’un nombre limité de produits primaires à l’exportation.

De plus, au sein d’une même région, ces pays offrent à l’exportation des produits similaires, ce qui réduit considérablement les possibilités d’échanges commerciaux sous-régionaux à une grande échelle. Il en résulte que ces pays sont plus tournés vers le commerce extrarégional notamment vers les pays d’Europe, d’Amérique ou d’Asie qui demeurent leurs principaux partenaires commerciaux. La production manufacturière demeure faible et, dans bien des cas, n’arrive pas à satisfaire la demande locale (MAHAMAT ABDOULAHI, 2005)

Il s’agit ici de l’absence de complémentarité entre les économies des pays membres.

Nous  pensons que  la création des chaines de valeur régionales constitue la solution aux problèmes  qui concernent les structures économiques, notamment ceux liés à la dépendance à l’égard des  produits primaires et l’absence de complémentarité entre les économies nationales. Les chaines de valeur régionales pourraient permettre l’industrialisation des pays membres du COMESA, faciliter la diversification de leurs économies par la production des biens manufacturés et créer aussi la complémentarité entre leurs économies.

  En ce qui concerne les contraintes liées aux options prises dans la mise en œuvre des accords de coopération, il sied de remarquer que l’expérience de l’intégration régionale au sein du COMESA montre que l’intégration par le commerce visant à unifier les marchés nationaux à travers le désarmement douanier a été privilégiée dans presque tous les accords commerciaux. Cette approche a, de manière générale, pris le pas sur les politiques sectorielles. Ce qui fait que même avec l’ouverture plus grande des frontières, il n’y a pas véritablement une intensification des échanges intra-régionaux.

Nous soutenons que la libéralisation des échanges est certes importante, mais elle doit s’appuyer sur un système de production performant (renforcement des capacités de production, augmentation de l’offre, amélioration de l’environnement de l’entreprise etc.).

Enfin à propos de contraintes liées aux infrastructures, soulignons que dans le COMESA, bien que des efforts soient déployés ces  dernières années pour résoudre ces problèmes, on relève que les différents États ont très peu de voies de communication viables, tant  au plan interne qu’au plan transnational. Le commerce intra-COMESA se trouve par conséquent entravé  par l’insuffisance de l’infrastructure, notamment dans le domaine des transports et des communications.

La solution à ce problème peut passer par la réhabilitation des voies de communications existantes et la construction des nouvelles infrastructures. A ce propos, le partenariat public-privé revêt d’une importance non négligeable pour financer la construction de ces voies de communication.


 

BIBLIOGRAPHIE

 

-        COMESA, cinquième  réunion du  comité des affaires fiscales, Lusaka, 11 juillet 2011.

-        COMESA, Le COMESA en Bref, Croissance à l’unisson, Prospérité partagée, Septembre 2018.

-        Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, Les règles de facilitation du commerce: options et besoins,  Réunion d’experts pluriannuelle sur les transports et la facilitation du commerce, Deuxième session, Genève, 1er-3 juillet 2014, Note du Secrétariat de la CNUCED, 22 avril 2014.

-        CUA, UA, CEA, Etat de l’intégration régionale en Afrique IV, le commerce intra-africain, Commission Economique pour l’Afrique, Addis-Abeba, 2010.

-        KABENGELE DIBWE, Les problèmes d’intégration économique, éd. CAP, Kinshasa, 2008.

-        LISINGE, Robert T. , Facilitation du commerce intra-africain: démanteler les barrières pour le commerce intra-africain, in Centre africain pour les politiques commerciales(CAPC), No. 19, CEA, Addis-Abeba, Mai 2005.

-        MAHAMAT  ABDOULAHI, « évaluation des efforts d’intégration régionale en  Afrique en vue de promouvoir le commerce intra-africain »in Centre Africain pour les politiques commerciales, n° 30, CEA, Déc. 2005, p.35

-        MAYUNGA LENGI-LENGI, « Le commerce international et la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne » in mouvement et enjeux sociaux, N0 14, éd. MES, Kinshasa, Novembre-Décembre, 2003, p. 68.

-        MAYUNGA LENGI-LENGI, Le commerce et la réduction de la pauvreté : nécessité d’une intégration développementiste par les chaînes de valeur mondiales pour promouvoir le commerce extérieur de la République démocratique du Congo, thèse en Relations Internationales, Université de Kinshasa, Août 2019.

-        NATIONS UNIES, Organismes nationaux de facilitation du commerce, Commission Économique pour l’Europe, Genève, octobre 2001.

NTUAREMBA, L, Economie de développement : Fondements et politiques, éd. MES,  Kinshasa, 2008.

 
 
 

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Regard lucide est une revue scientifique à comité de lecture. Elle est l’un des canaux de publication des résultats de recherches mis en place par le Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais (www.criic-rdc.net), CRIIC en sigle.
Sa périodicité de parution est de trois mois (trimestrielle) et elle est bi-langues (français et anglais).

 

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