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DE L’ETAT-REPUBLICAIN, DE LA NECESSITE DE LA PREVISIBILITE DES COMPORTEMENTS DES CITOYENS ET DE LA PORTEE DU CARACTERE STRATEGIQUE DES LOIS ET DES VALEURS :Un regard Antropologico - sociologique sur







Résumé

L’analyse planche sur la nécessité de la prévisibilité des comportements des citoyens dans un Etat-républicain. Elle soutient que ceci ne peut être possible que par la référence aux valeurs républicaines et éthiques, ainsi que par l’observance des normes dans l’agir historique de tout citoyen. Elle insiste sur la portée du caractère stratégique de loi fondamentale, avec la pratique de la séparation des pouvoirs et de la culture démocratique, etc., comme socle d’une république. Cependant, puisque le regard antropologico- sociologique sur l’expérience de la RD. Congo, ressort un espace étatique au cœur de l’Afrique où la négation des valeurs et le déni des lois, etc., s’érigent en mode de vie, l’étude finit par une interpellation à son « groupe porteur » qui doit œuvrer pour la fondation d’un Etat de droit en vue de la consolidation de la nation congolaise prospère.

Mots clés : Etat-républicain, regard anthropologico-sociologique, portée du caractère stratégique, prévisibilité, comportement, citoyen, loi et valeur.

 

Abstract

 

The analysis of the necessity for predictability in citizen behavior within a republican state underscores the importance of adhering to republican and ethical values, as well as following norms based on historical actions of each citizen. It highlights the strategic nature of the constitution, emphasizing the implementation of the separation of powers and democratic culture as the foundation of a republic. However, an anthropological-sociological examination of the DR Congo experience  reveals a state space in the heart of Africa where the negation of values and the disregard for laws have become ingrained in the societal fabric. The study concludes with a call to action for the "supporting group" to strive towards establishing the rule of law in order to strengthen the prosperous Congolese nation

Keywords: Republican-State, anthropological-sociological gaze, scope of the strategic character, predictability, behavior, citizen, law and value.

INTRODUCTION

 

ROLE ATTENDU D’UN AINE DANS LA FAMILLE ET LA SOCIETE

 

62ans d’indépendance après, la République Démocratique du Congo souffre de la crise de légitimité de ses gouvernants et patauge ainsi dans une dynamique des crises multiformes, rimant avec de la misère de sa population (BAENDE EKUNGOLA, J. G., 2O11-2012). La sociologie en trouve l’explication dans l’inobservance des lois et l’absence des repères idéologiques, assis sur des valeurs puisées au sein du patrimoine culturel congolais (BOLIMA BOLITSI, W., 2023). Il s’observe, certes, que emballé dans une sorte de « mimétisme aveugle et aveuglant » de gouvernance, que d’aucuns traiteraient d’occidentalisation de la gestion de la «res pulica» (BOLIMA BOLITSI, W., 2022) le « groupe porteur congolais», inadapté à cette culture(BOLIMA BOLITSI, W., 2021), est aujourd’hui incapable de faire assoir un Etat de droit et/ou républicain au cœur de l’Afrique, selon que la «république» reste la forme de l’Etat voulue de notre temps(MABI MULUMBA, E.,).

Certes, cette production sociologique trouve son intérêt dans son ambition de rechercher la réponse à cette une et unique question : qu’est- ce qu’il faut pour que l’élite congolaise puisse faire de son pays, un Etat, réellement, de droit et/ou républicain (KABUYA- LUMUNA SANDO, C., 2O11), où « le salut commun » demeure la préoccupation de tout un chacun ?

Nous osons croire que, c’est sous le regard anthropologico-sociologique, se servant de l’observation et de la documentation comme techniques de conquête d’informations par rapport au sujet sous-examen que cette question trouverait la réponse. En effet, il sied de signaler que, hormis le résumé et l’introduction, notre analyse, tout en exploitant la dialectique comme méthode (KUNYUSA, B. G., & SHOMBA, K. S., 1995) & (ESISO ASIA – AMANI, F., 2012), s’organise en deux grands points. Si le premier offre un condensé des données sémantiques par rapport aux concepts de base comme l’Etat, la république, l’Etat -républicain et autres notions connexes, en mettant l’accent sur la loi fondamentale, avec le principe de séparation des pouvoirs et les valeurs républicaines, ainsi que la culture démocratique, etc., comme des fondements d’une république. Quant au deuxième, il présente la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs dans la prévisibilité des comportements des citoyens. Enfin, une brève conclusion, qui propose des recommandations dans le cas particulier de la RD. Congo, met un terme à cette étude.

  I.       DU CONDENSE DES DONNEES SYMANTIQUES SUR LE CONCEPT DE LA REPUBLIQUE, DE L’ETAT ET DE L’ETAT- REPUBLICAIN, AINSI QUE DES NOTIONS CONNEXES

Introduction 

Il est d’usage que l’on commence par définir des concepts de base de toute réflexion scientifique. Ceci importe, en vue d’éviter toute ambigüité. A cet effet, nous allons prendre en charge le concept de république, l’Etat-républicain et autres. L’Etat et la nation, etc., comme concepts proches de la république, feront aussi l’objet de notre attention.


 

§1. De la république, de l’Etat, de l’Etat de droit et de l’Etat – républicain, vus comme concepts et comme réalités sociales

De prime à bord, il est commode de signaler que le concept de république est lié à celui de l’Etat. On ne peut pas parler de l’un sans évoquer l’autre.  Voilà pourquoi, nous commençons d’abord par l’Etat dans ce paragraphe.

1.1. 1. De l’Etat : ses théories et ses définitions (KABUYA- LUMUNA SANDO, C., 2O11)

Ainsi, il sied de noter que le terme Etat a été pour la première fois évoqué par celui qui est, d’ailleurs, considéré comme le père fondateur des sciences politiques. Il s’agit de Nicolas Machiavel. Soulignons, ensuite que « le concept ‘’Etat’’ est plus que jamais abstrait pour le saisir et plus difficile encore à l’étudier d’autant puisque personne n’a jamais vu ni touché l’Etat » (LOMBEYA BOSONGO, L., 2018-2019). Certes, l’Etat est né de la volonté de l’ordre et de la discipline au sein des sociétés des hommes. Il pouvait être le fait d’un individu ou d’un groupe d’individus, etc., qui l’imposerait. Il serait aussi la résultante d’un consensus qui s’imposerait à tous les membres de la communauté considérée. Voilà pourquoi, au nom de l’intérêt général, l’Etat devrait avoir comme rôle, d’exercer la violence légitime afin que l’ordre et la discipline soient, et que la concorde soit assurée au bénéfice de toute nation.

Plusieurs théories et définitions sont proposées en ce qui concerne la genèse et le sens de l’Etat. Dans le cadre de cette étude, nous évoquons Hobbes, Locke et Jean Jacques Rousseau, ainsi que Karl Marx, etc.

Pour Hobbes, l’Etat serait le résultat d’un contrat entre plusieurs groupes d’individus qui auraient renoncé à leurs droits en faveur d’un individu, qui ayant concentré les pouvoirs entre ses mains, aurait créé l’Etat. C’est dans son ouvrage ‘‘Le Léviatha” qu’il développe cette thèse. De même, Locke reconnait que ce contrat doit être le fait des individus réunis au sein des organisations sociales, et créent l’Etat. Il est utile de soulever que, Jean Jacques Rousseau, de sa part, soutient que c’est en quête de sécurité que les hommes auraient inventé l’Etat. Autrement dit, c’est à la suite des conflits et des guerres consécutives à l’apparition de la propriété privée avec le capitalisme. Il expose cette problématique sur la genèse de l’Etat dans son livre intitulé ‘’Le Contrat Social.” Bref, JJ. Rousseau soutient que l’Etat est né à la suite d’un contrat au terme duquel les individus auraient renoncé à leurs droits et libertés naturels (KABUYA- LUMUNA SANDO, C., 2O11).

 Si pour ces analystes ci-haut évoqués, l’Etat serait le garant de la concorde sociale et de l’intérêt général, Karl Marx et les marxistes (KARL MARX, Le Capital, cité par MBELA HIZA & LAMES MPONG, 2009) n’abordent pas la question de l’Etat de cette manière-là. Pour Karl Marx, l’Etat serait la construction de la classe des riches et des dominants, etc. Il serait le reflet de l’organisation économique et se veut, pour ce faire, l’instrument de domination au service de la classe des riches. En réduisant l’Etat aux intérêts de la classe dominante, il s’inscrit en faux contre les thèses de Hegel selon lesquelles l’Etat serait l’incarnation de la rationalité. K., Marx reste cohérent avec une conception de la société qui fait de l’économie une infrastructure sur laquelle se développent les instances étatiques. Pour lui, dans les sociétés capitalistes, l’Etat n’aurait comme finalité que de maintenir l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie (BOLIMA BOLITSI, W., & NEMO YATO BAGEBOLE, J-P, 2020).

A nous de faire remarquer que la genèse de l’Etat moderne remonte dès le XIIIème siècle en France et en Angleterre. Elle se concrétise par une distinction entre le pouvoir et la personne qui l’exerce à un moment donné. Néanmoins, il sied de souligner que Karl Marx avait péché par son économisme excessif, surtout qu’il n’avait pas envisagé la possibilité d’un Etat de droit. Certes, commencée sous la royauté, cette dissociation est devenue effective sous la république, qui voit son pouvoir être régie par une loi fondamentale. Elle va se généraliser à l’ensemble des agents de l’Etat qui exerceront le pouvoir, non pas à titre personnel, mais en raison de la fonction qu’ils occupent. Puis, est venu, enfin, la spécialisation des acteurs. Il y a eu, premièrement, l’apparition des professionnels de la politique dont l’activité consisterait à exercer le pouvoir. Puis, dans la suite, l’Etat va recruter, de manière durable, des agents appelés à exercer une fonction précise sur la base de compétence (il s’agit des Fonctionnaires de l’Etat). Sa construction s’accélère au XVIe siècle au moment où la société aurait eu sa plus grande crise d’une part : la Réforme protestante et la Contre-réforme et d’autre part, quand la croissance économique prend de l’ampleur, le pouvoir politique s’affranchit progressivement de la tutelle religieuse pour se présenter, finalement, comme le garant de l’ordre sociale (LOMBEYA BOSONGO, L., Cours de l’Etat & système socio-économique, cité par BOLIMA BOLITSI, W., op- cit, p. 73).

Le concept Etat revêt plusieurs définitions (KABUYA LUMUNA SANDO, 2O11) et il s’observe que l’Etat moderne se distingue des organisations antérieures sur trois points. D’abord, la centralisation de la coercition, puis, le pouvoir législatif va également être centralisé et organisé sur la base d’une charte (d’une constitution), ensuite, l’Institutionnalisation. Celle-ci se concrétise par une distinction entre le pouvoir et la personne qui l’exerce à un moment donné. Dans son sens restreint, l’Etat désigne les pouvoirs publics, c’est-à-dire, les gouvernants par rapport aux gouvernés. Puis, dans son sens large, l’Etat est défini comme cette collectivité organisée, ayant généralement comme support sociologique une nation. L’on parlera de l’Etat angolais, l’Etat américain, l’Etat italien, l’Etat ivoirien, l’Etat congolais, etc.

Il sied de reconnaitre que l’Etat apparaît comme une entité humaine et politique installée sur un territoire. Les individus qui la composent ont la conscience d’appartenance et acceptent de ce fait de transcender leurs antagonismes au profit de leur unité. L’Etat a comme attribut fondamental la détention, la disposition par lui de la contrainte organisée. Pour ce faire, l’Etat édicte les règles de droit (positif) et demeure souverain (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, pp. 23-26.). De notre part, nous insistons sur le fait que l’existence d’un Etat (BOLIMA BOLITSI, W., 2023.) se confirme par quatre préalables juridico-sociologiques. Il s’agit du territoire, de la population, des pouvoirs publics et/ou de la puissance et de la reconnaissance sur le plan international (l’histoire a démontré que beaucoup d’entités et/ou gouvernements avec les trois premières conditions, ont fini par disparaitre sur l’échiquier mondial faute d’être reconnus par l’ONU et tant autres institutions internationales) BOLIMA BOLITSI, W., & NEMOYATO BAGEBOLE, J-P, op- cit, pp. 35- 41). Pour ce faire, il y a lieu, en définitive, de définir l’Etat comme cette communauté d’hommes habitant un territoire bien déterminé, organisée politiquement et reconnue comme telle par la communauté internationale. Il est aussi ce pouvoir organisé, pour parler des pouvoirs publics ou, encore, des gouvernants au sien de la société nationale (BOLIMA BOLITSI, W., & NEMOYATO BAGEBOLE, J-P, op- cit, pp. 35- 41).

1.1.2. De la loi fondamentale, du principe de séparation des pouvoirs, des valeurs républicaines et de la culture démocratique, etc., comme fondements d’une république et/ou d’un Etat- républicain

La « République » de Platon, « La Politique » d’Aristote et « De Res publica»: « de la chose publique » de Cicéron, se préoccupèrent toutes des formes de gouvernement (KABUYA- LUMUNA SANDO, C., op- cit, passim).. L’observation nous autorise d’affirmer que la république est devenue la forme de régime politique la plus répandue en notre temps. Soulignons donc qu’elle est née des Etats modernes. A coup sûr, la république prône la séparation des pouvoirs Exécutif, Judiciaire et Législatif, selon que le tout devrait être assis sur une constitution. Du latin « res publica », le concept « république » désigne la « chose publique ». Il fait ainsi appel à l’intérêt général, au gouvernement, à la politique, voire, même à l’Etat.

Si Aristote trouve dans la république, le sens et l’intérêt du régime démocratique, qui se baserait sur l’idée de la liberté politique, selon que le citoyen est libre dès lors qu’il a alternativement le pouvoir de gouverner et d’être gouverné, dans le cadre de cette réflexion, le point de vue de Jean Jacques Rousseau nous intéresse plus. Pour ce dernier, la république est : « tout Etat régi par des lois, sous quelque forme d’administration que ce puisse être ; car alors seulement l’intérêt public gouverne et la chose publique est quelque chose. A ce point de vue, tout gouvernement républicain est légitime. Le terme renvoie ainsi au « gouvernement », mieux, à la bonne « gouvernance » (www.cosmovisions.com/textRepubliqueBodin). Les termes « république » et « démocratie » sont très proches, mais, ne sont pas synonymes et sont parfois abusivement utilisés. Même si un espace est ainsi désigné, il peut ne pas être réellement « démocratique » ou « république ».

En effet, la littérature sur la république parcourue par nous, ainsi que l’observation, etc., nous autorisent d’insister sur le fait que cette dernière, est ce mode d’organisation politique où le chef de l’Etat ne doit pas être héréditaire et qui demeure anonyme de la monarchie. C’est un système dans lequel le peuple est souverain. Celui-ci, c’est-à-dire le peuple, exerce directement le pouvoir politique ou le fait à travers ses élus. Une république suppose « la liberté, l’égalité et la justice pour tous » comme valeurs. Elle doit être battue sur une charte ou une loi fondamentale, qui n’est rien autre que la constitution. Elle définit les modalités d’acquisition et d’exercice du pouvoir étatique dans une république et organise la séparation des pouvoirs « exécutif, législatif et judiciaire ». Puisque dans une république, tout tourne autour de la loi et que la justice est rassurée pour tous, soutenue par la reconnaissance de la société civile, avec possibilité d’admettre l’opposition au pouvoir, etc., l’on peut parler de l’Etat de droit (KABUYA- LUMUNA SANDO, C., op- cit, passim.).


 

§2. De la nation comme notion connexe à l’Etat et/ou à la république : point de vue sociologique sur la notion d’institution étatique et du pouvoir (et/ou de la puissance du) politique, etc.

Ayant parlé de l’Etat et de la république, etc., nous nous obligeons d’évoquer la question de la nation et autres notions connexes comme institution politique, pouvoir, autorité et légitimité, etc.

1.2. 1. De la nation, de la nation-Etat et de l’Etat-nation,  comme notions connexes à l’Etat et/ou à la république 

 Sociologiquement parlant, il est utile de souligner que la nation demeure le produit d’une combinaison de divers facteurs interdépendants. Ici, il faut considérer, entre autres, des facteurs historiques (un passé commun), ethniques, culturels, (une langue partagée) raciaux, comme on peut évoquer une communauté d’intérêts qui résulte de la cohabitation de tous sur un même territoire). La nation fait appel à l’idée d’une communauté qui est supérieure aux individus et extérieure à leur volonté. On a là une conception communautariste de la nation développée à la fin du XVIIIe siècle par l’écrivain Allemand Herder. Selon lui, la culture et, tout particulièrement, la langue maternelle est le fondement de la nation, elle est un héritage qui s’impose presque naturellement aux individus et dont la légitimité n’est pas contestable.

Evidemment, à la conception communautariste s’oppose la conception contractualiste (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, pp. passim). A ce propos, l’écrivain et historien français Ernest Renan va définir la nation comme étant un “plébiscite de tous les jours.” Elle ne peut pas être fondée sur des critères, mais sur la volonté exprimée par un groupe d’hommes de vivre ensemble. La nation est un contrat passé volontairement entre des individus afin de rendre possible une vie commune. Issue de la volonté des hommes, la nation a donc besoin d’être construite. Pour y arriver et transcender les différences culturelles ou linguistiques, l’Etat doit pouvoir socialiser les citoyens par une idéologie qui crée et renforce ce besoin de vivre ensemble. L’idéologie seule ne suffit pas, il faut encore mettre en place des mécanismes économiques, matériels et psychologiques qui permettent de renforcer cette identité nationale.

Aux deux conceptions de la nation, correspond le mode d’acquisition de la nationalité. La conception communautariste de la nation correspond le droit du sang. Dans un tel système, on accordera plus facilement la nationalité aux étrangers qui partagent la même culture et la même langue que les nationaux. A la conception contractualiste de la nation correspond le droit du sol. On accordera la nationalité aux étrangers vivant dans un Etat et dont ils veulent acquérir la nationalité. C’est par exemple le modèle américain et français. Cependant, soulignons un problème sociologique pour ces sociétés multiculturelles pour une nation. Il s’agit de celui de leur l’intégration dans la société d’accueil. Faute d’une intégration harmonieuse, on assiste au danger du communautarisme qui peut s’exacerber en fragilisant l’unité nationale (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, passim).

La notion de l’Etat-nation et nation-Etat méritent aussi notre attention, selon qu’il sied d’insister sur le fait que : « les théoriciens des sciences politiques, et avec eux beaucoup de spécialistes des sciences sociales ont voulu discriminer deux sortes d’Etat dans l’ordre d’intégration globale. Les faits font dire à certains esprits qu’en Afrique, les Etats ont souvent précédé la constitution des nations (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, passim.). C’est l’histoire des Etats européens qui a servi de base à cette conceptualisation. Ces Etats du continent européen – c’est à dessein que les idéologues appellent ce continent le Vieux Monde-entendent aussi souligné l’intégration qui y règne après si tant de vicissitudes, le consensus prononcé sur les options fondamentales de territorialité, de citoyenneté, d’entente pour une vie en commun, pour la poursuite des objectifs communs. Il y a une stabilité générale : l’Etat territorial, le gouvernement, les rapports sociaux d’ordre public et d’ordre privé reposent sur un consensus largement partagé qui ne laisse que peu de place à des forces qui menacent la cohésion d’ensemble » (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, passim). Les Etats africains et d’autres qui sont nés des découpages coloniaux, regroupés en entités Etats, seraient encore, faute de la cohésion d’ensemble, à cause des tensions et conflits qui traversent tous ces champs d’action politique, économique et social, principalement les Etats-nations. Ces Etats seraient affectés d’une sorte d’artificialité qui en ferait des entités non pas peu viables comme certains voudraient le faire croire, mais en voie de stabilisation.

Force est notre de soulever que Lombeya Bosongo est donc formel sur « … le caractère idéologique de cette thèse qui considère les Etats africains d’artificiels » (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit,  passim.). Pour lui, celle-ci vient justifier une réalité qui n’est pas naturelle, mais, qui n’est telle que parce que consacrée par l’histoire. En effet, les Etats-nations d’hier et d’aujourd’hui sont des produits de l’histoire. Conquêtes, incorporations, annexions ont caractérise l’histoire des nations aujourd’hui stabilisées d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Les guerres, les mouvements sociaux, les révoltes et révolutions, les mouvements politiques, les mouvements littéraires, les mouvements religieux, la résistance aux conquêtes, l’exaltation idéologique de la nation par des penseurs, voilà les éléments divers qui, dans la perdurée historique, ont façonné les nations-Etats qui toutes, ont été des Etats-nations (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, passim). Les exemples de l’Allemagne de Busmark (le chancelier), de l’Italie de Mussolini Benito, la France du Général De Gaulle Charles, le Congo (RD) de Lumumba, le Mali de Soundiata Keita, etc., demeurent éloquents.

En somme, retenons que la nation est le produit d’une combinaison de divers facteurs interdépendants. Il y a lieu de suggérer des facteurs historiques (un passé commun), ethniques, culturels, (une langue partagée) raciaux, comme on peut évoquer une communauté d’intérêts qui résulte de la cohabitation de tous sur un même territoire, avec un vouloir vivre ensemble. Mais, sans pour autant nous contredire, nous sommes d’avis avec Aristote, qui reconnait dans sa typologie des régimes politiques, que même la république qui implique la démocratie (pour dire, la gestion de la chose publique par le peuple à travers ses élus), lorsque la coordination fait défaut, peut connaitre des déviations et/ou des déformations (https/toupie.org/dictionnaire/population). Telle serait la situation en RD. Congo, où la criminalisation de l’Etat par son élite dirigeante se veut une culture. Les lignes qui suivent en feraient la démonstration, en mettant en exergue l’inobservance des lois de la république par les acteurs socio-politico-étatiques, particulièrement, ainsi que l’absence des valeurs de référence. Force est notre de rappeler que la criminalisation de l’Etat n’est rien autre chose que « le déni des droits des citoyens, l’abus de son statut par quiconque exerce l’autorité au nom du bien commun, l’altération de son rôle par le détenteur du pouvoir exercé pourtant au nom de la communauté pour la communauté, etc., … », (LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 23).

1.2. 2. De la notion d’institution étatique, du pouvoir et/ou de la puissance du politique et de sa centralité, etc.

En effet, évoquant la notion de l’institution, Emilio Willems est assez explicite. Pour lui, une institution est « tous ensemble formé par des idées, des types de comportements, de types de rapports entre les hommes et souvent un équipement matériel, le tout organisé autour d’un centre d’intérêt socialement reconnu » (EMILIO WILLEMS, cité par LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit,  pp. 18- 21).. Ce sont par exemple, les régimes matrimoniaux, les systèmes scolaires, les relations de politesse, les régimes de propriété, les relations familiales, etc. Décidément, il est commode de mentionner que dans une société étatico-nationale, les institutions politiques sont donc celles qui concernent le pouvoir, son organisation, son exercice, sa légitimité, sa dévolution, etc. Ainsi, en relation avec les institutions, les individus ont des statuts qui leur confèrent les rôles qu’ils jouent.

En outre, soulignons que, dans une société nationale, l’Etat demeure la plus grande et la plus haute institution. Ainsi s’inscrit la problématique de la centralité du politique, de sa sensibilité et, surtout, de sa puissance (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, pp.9-10), selon cette conviction de Jean Jacques Rousseau qui demeure formel et sans appel. Ce dernier affirme ce qui suit : « j’avais vu que tout tenait radicalement à la politique, et que, de quelque façon qu’on s’y prit, aucun peuple ne serait que ce que la nature de son gouvernement le ferait être » (JEAN JACQUES ROUSSEAU cité par BOLIMA BOLITSI, W., « De la dialectique société », Article déjà-cité, passim). De ces affirmations, des interrogations suivantes nous viennent à l’esprit : quels sont des facteurs qui font que ces liens soient tels et non autres ? Ou, pour être précis, qu’est ce qui fait que les hommes entrant en société, choisissent de régler de telle manière déterminée les rapports entre les sexes, les rapports relatifs à l’éducation des enfants, d’user de tels procédés pour subvenir à leurs besoins, d’introduire telle hiérarchie entre eux, d’adopter telle interprétation mentale de la condition humaine, de se plier à telles ? Autrement dit, s’il faut chercher à savoir lequel des sous-systèmes, mieux, laquelle des composantes de la société pèse le plus dans l’orientation globale de celle- ci ? 

Sans nous verser dans le monisme explicatif, la réponse à cette interrogation se trouverait en considérant le sous-système ou la composante qui se veut le centre du système social (JEAN BAECHLER, 1974, P. 123 & QUENTIN DELUERMOZ & PIERRE SINGARAVELOU, 2012). Ainsi, puisque « … le centre du système social est l’activité qui combine une puissance maximale à une sensibilité maximale » (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, passim.), et qu’il imprime son sceau sur tout, tout en respectant la spécificité de chaque élément, il s’agit donc de la sphère politique. Certes, de toutes les activités humaines qui forment le système social, seule la sphère politique répond à ces caractéristiques. C’est « la puissance » (JEAN BAECHLER, op-cit, p. 123) de la sphère politique qui fait d’elle l’élément centrale du système social et/ou du développement national.

 En effet, il faut entendre « … par la puissance d’une sphère, sa capacité à déterminer les choix des possibles dans les autres sphères. J’entends par la sensibilité d’une sphère, sa capacité à être affectée par les autres sphères » (JEAN BAECHLER, op-cit, p. 123). Décidément, la sphère politique est celle qui règle les conflits qui sont une menace pour la concorde et la sécurité intérieures, ensuite, elle affronte les conflits qui menacent la société de l’extérieur. Elle permet ainsi à l’Etat d’exprimer sa souveraineté. Mais, en dépit de la recherche de la cohésion interne à tout prix, il est utile de souligner que la puissance ne détermine pas elle-même, fondamentalement et universellement, le contenu des autres sphères : la religion, les arts, l’activité économique des individus ou groupes d’individus, la presse, le transport, la communication, la sécurité, etc. Chaque activité garde son autonomie dans les limites tracées par les nécessités de la cohésion sociale, mais, seulement, la sphère politique, qui, elle tout en subissant les effets des autres sphères, veille à la nécessité de cette cohésion, elle ouvre ou ferme la gamme des choix (JEAN BAECHLER, op-cit, p. 123).

Il sied d’insister sur le fait que cette puissance du politique ne détermine donc pas, mais, elle rend plutôt possible. Voilà pourquoi, il y a, à travers le monde, des régimes politiques qui ouvrent la gamme des possibles et d’autres qui la ferment, selon qu’ils sont ou non monolithiques. Ce point de vue est soutenu par cette maxime de Kwame Nkrumah qui met en exergue la suprématie de la sphère politico-étatique en ces termes : « chercher premièrement la politique, et le reste vous sera donné par surcroit ». Ceci importe, car, l’histoire des nations développées nous donne la force de rappeler que, dans le devenir historique des sociétés étatico-nationales, l’important n’est pas tel ou tel régime politique, mais plutôt, les hommes qui animent les institutions de l’Etat. Ceux derniers, doivent être « porteurs des valeurs permissives de développement et respectueux des lois du pays.


 

II. DE LA PORTEE DU CARACTERE STRATEGIQUE DES LOIS ET DES VALEURS DANS LE CAS DE LA RD. CONGO : POINT DE VUE SUR LA PREVISIBILITE DES COMPORTEMENTS DANS L’AGIR HISTORIQUE DES CITOYENS EN VUE DE LA CONSOLIDATION DE LA NATION 

Introduction

L’évolution historique de toute société et/ou de toute nation, etc., procède du comportement des individus qui la composent, mieux, des actions de ses citoyens. Tout en rappelant la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs dans le devenir historique d’une république, à ce niveau de cette réflexion, l’obligation qui est notre, consiste à vérifier comment se matérialise la prévisibilité des comportements des citoyens dans le cas particulier de la République Démocratique du Congo.

§1. Du citoyen et/ou de la citoyenneté : point de vue anthropologico-sociologique sur la nécessité de la prévisibilité des comportements et de la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs  

Le regard le plus superficiel que tout observateur jette sur la société, lui fait dire que celle-ci n’existe pas sans l’individu, mieux, sans le citoyen, et il n’existe pas d’individu ou de citoyen sans la société ou sans la république et/ou la nation.

1.1. 1. De l’individu et de la société et/ou du citoyen et de la république : quid de la citoyenneté ? 

Nous définissons la société étatico-nationale avec le sociologue et homme d’Etat congolais, Lombeya Bosongo Likund’elio, comme : « …, ces hommes en actes qui bâtissent dans la solidarité. La société est ces hommes volontaristes, fondateurs d’espaces étatiques, économiques, culturels. La société regorge les hommes en actes qui luttent contre d’autres, pour défendre un espace bien commun. La société est constituée par ces hommes en actes, est l’esprit partagé de conquête, de domination, de grandeur voulue, recherchée, bâtie. Parce que la société, ces hommes en actes, est cette affirmation permanente, quête de soi et des siens, dans et par un avenir, dans et par un devenir,» (Banyaku Luape, 2006). Cette définition sous-entend la cohésion nationale avec l’intégration des citoyens. C’est dans cette perspective qu’il faut considérer la problématique des normes (des lois), des principes, des symboles, des croyances et des valeurs, etc., selon que le tout forme la culture, avec la possibilité d’impacter l’agir historique des citoyens en vue du « salut commun ».

Le concept citoyen vient du latin « Civis » pour dire, celui qui a le droit de cité. Dans l’histoire, un citoyen est un membre d’une Cité-Etat grecque. Celui-ci  disposait du droit de suffrage dans les assemblées publiques et participait aux décisions de la cité relatives aux lois, à la guerre, à la justice, à l’administration (Arkoun M., Azema J.-P., Badinter E. et al., Delagrave/CNDP, 2004 [en ligne] : www.cndp.fr/laicite/pdf/guideabecedaire.pdf).  Mais, de nos jours, si l’expression « citoyen du monde » désigne une personne qui proclame son attachement à l’ensemble de l’humanité et qui refuse les frontières entre les nations, un citoyen, cependant, est une personne qui relève de la protection et de l’autorité d’un Etat, dont il est un ressortissant. Pendant la période de la révolution française, le terme « citoyen » signifiait « sujet » du roi et plus tard, le concept « citoyen » et « citoyenne » ont été utilisés pour remplacer « monsieur » et « mademoiselle ».

Certes, la citoyenneté est une notion à la fois polysémique et polymorphe. Son périmètre dépend du lieu, du temps et des individus auxquels elle se réfère, ainsi que nous le suggère Raveaud (RAVEAUD, MAROUSSIA, 2011, 19‑24). Elle mobilise des compétences et propose des périmètres différents selon les acteurs et la société dans laquelle ils évoluent, leur approche philosophique, politique, leur rôle et leur implication personnelle dans la société. Cette notion de citoyenneté s’est transformée et continue d’évoluer dans le temps. Rares sont les mots chargés d’autant d’histoire, de significations, d’autant de valeurs et d’affectivité que ceux de « citoyen » et de « citoyenneté ».

Sans négliger l’importance de ce champ social et sans ignorer d’autres enjeux relatifs au champ économique, le choix a été fait de centrer les analyses de la présente étude sur les aspects institutionnels dont l’ampleur est déjà considérable. Par rapport à l’idéal inspiré par le modèle de la cité antique, le citoyen se définit d’abord comme celui qui participe à la communauté politique, notamment en exerçant son droit de vote. À travers l’élection de ses représentants, il concourt à la formation de la loi et consent librement à la contribution publique. C’est ce que résume la célèbre formule « la loi exprime la volonté générale », selon une terminologie inspirée du contrat social de Rousseau. C’est la source de la foi dans le suffrage universel, qui est une constante de la tradition républicaine. Cette vision a traversé cinq Républiques et a résisté à bien des épreuves. Au fil du temps, elle n’a cessé d’être actualisée et de s’enrichir d’apports constitutionnels successifs.

Il sied de souligner que l’engagement « citoyen » devient ainsi, de nos jours, la marque de fabrique d’une époque qui entend replacer l’engagement en faveur de causes collectives ou de valeurs civiques au premier rang des valeurs sociales. Voilà pourquoi, le terme « citoyen » ne désigne plus seulement un homme ou une femme sujet et/ou acteur d’un système institutionnel, mais, il exprime d’abord un comportement qui qualifie les valeurs de la vie sociale. L’animal politique, le « ζῷον πολιτικόv » d’Aristote, était d’abord un « animal » avant d’être homme. Le bien de cette chose naturelle qu’était pour lui la cité primait par conséquent sur l’intérêt de ceux qui la composent. Socrate ne but-il pas la ciguë pour se conformer aux lois de sa cité, fussent-elles iniques ?

Désormais, la citoyenneté renvoie au droit d’appartenir à la cité et de participer aux décisions relatives à la communauté politique. Elle témoigne une vitalité renvoyant une pratique positive ou à une vertu. C’est la relation entre l’individu et la collectivité qui est le cœur de la citoyenneté. Elle comporte une dimension sociale, dans laquelle les citoyens sont appelés à participer à la définition et à la mise en œuvre des politiques de solidarité. Une communauté politique, une cité, ne peut subsister de manière pérenne sans construire une authentique solidarité entre ses membres, notamment au bénéfice de ceux qui sont en état de faiblesse ou de vulnérabilité. L’utilisation des termes « citoyenneté » et « citoyen », enfin, semble être regardée aujourd’hui par les pouvoirs publics et dans le discours politique comme un signe de vertu au service de l’intérêt général, comme l’atteste leur utilisation massive dans les titres des lois ou des décrets aux objets les plus divers, etc.

Un citoyen est donc, une personne bénéficiaire des droits civiques et politiques, et qui doit accomplir des devoirs envers l’Etat (exemples : payer l’impôt, respecter les lois, remplir ses devoirs militaires, …). La qualité du citoyen est liée à l’obtention de la nationalité par filiation, par naturalisation, par option ou par présomption de la loi… Concernant les devoirs d’un citoyen, les principaux d’entre sont : la défense de la nation, le paiement de l’impôt, la participation aux jurys d’assises ou encore, l’illustration plus récente des caractéristiques de la citoyenneté, le devoir de se soumettre à la loi (qui trouve son fondement dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 selon lequel « la loi est l’expression de la volonté générale ») est à la racine de tous les autres.

En somme, nous devons retenir que Ia citoyenneté fait allusion à  la capacité pour le citoyen d’utiliser son statut pour défendre ses intérêts en tant que membre des différents groupes sociaux et/ou d’une nation, elle suppose en outre, un ensemble des qualités morales indispensables à l’existence du bon citoyen et fait appel au civisme. Autrement dit, la citoyenneté est un état ou une qualité de citoyen. Il s’agit du statut juridique qui permet à un individu de devenir citoyen d’un Etat et de participer à la vie politique. La citoyenneté donne au citoyen accès à l’ensemble des droits politiques, tout en créant des devoirs, permettant de participer à la vie civique d’une communauté politique, par opposition au fait d’être un simple résident. Bref, le citoyen est lié à son Etat et/ou à sa nation, mieux, à la république, par la citoyenneté.

1.1.2. De la prévisibilité des comportements des citoyens et de la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs  dans une république : point de vue anthropologico-sociologique

Quid ainsi des normes, des principes, des valeurs et de la culture, etc., surtout, lorsqu’il s’agit de la problématique soulevée pour une république ou une société étatico- nationale ?  (BOLIMA BOLITSI, W., FOLO KATENGA, J., MUSSA KABWANKUBI, M., & LISEMBE YAUKIA, B., 2021).

Emile Durkheim répond à cette préoccupation. Il confirme que dans toute société humaine, et, particulièrement, dans toute société étatico-nationale, pour ne pas parler de la république, l’action sociale serait guidée par les normes et les valeurs.  Autrement dit, le comportement de tout citoyen est fonction des lois et des valeurs, etc. Celles-ci, prescrivent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne pas faire. Les normes renvoient aux règles qui définissent et orientent l’action des citoyens dans leur cité ou au sein de la république. Elles peuvent prendre plusieurs formes, telles que des règles explicites qui s’imposent aux individus et qui peuvent être de nature juridique (un texte de loi) ou réglementaire. Elles sont ainsi reconnues comme des règles officielles. Si nos sociétés modernes sont de plus en plus soumises à ces règles explicites (droit positif), il ne reste pas moins vrai que lors du processus de socialisation, d’autres règles implicites soient intériorisées (droit naturel), emportant tout autant et régissant ainsi la plupart des relations à l’intérieur des groupes restreints.

En effet, à nous de souligner que les règles de conduite, les normes sociales ou les lois de la république, etc., assurent la prévisibilité des comportements des individus ou des citoyens. A titre exemplatif, il y a lieu de mentionner des normes de politesse.

Il est admis que dans les rapports entre individus, certaines formes doivent être observées. La manière d’adresser la parole à un supérieur, à une femme, à un enfant, la détermination de celui qui doit saluer le premier, qui doit serrer la main ou ne pas la serrer, etc., font partie d’un système de règles qui obéit à des sanctions et qui est appris aux cours de la socialisation. Dans notre vie courante, il n’est pas toujours nécessaire que l’on nous rappelle certaines règles élémentaires de politesse pour que nous les observions. Ces règles, nous les avons intériorisées et lorsque volontairement ou non, nous les enfreignons, nous avons un sentiment de culpabilité. On notera donc que l’individu s’appliquera à lui-même certaines sanctions à l’égard des normes de son groupe, et l’observation d’une norme ne dépend pas seulement de sanctions extérieures. Cette intériorisation fait que, très souvent, il est difficile de changer de normes ou même d’admettre l’existence de normes différentes.

L’intériorisation des normes et l’établissement d’un système formel ou informel de sanctions permettent à la société d’institutionnaliser et de ritualiser ces normes. Chaque société et chaque groupe dispose dès lors des structures destinées à faire respecter les normes et à faire appliquer des sanctions. Evidemment, ces structures peuvent prendre des formes variées. Dans une société républicaine, on aura par exemple les procédures d’exclusion, les conseils de discipline, la police, l’appareil judiciaire, les structures de rééducation ou pénitentielles, etc.  Selon qu’il faut noter qu’il n’y a pas qu’une seule norme qui est institutionnalisée, mais, un ensemble des normes, mieux, un système de normes.

Dans différentes sociétés, les normes familiales sont institutionnalisées et dans un système donné, ces normes acceptées par tous, diffèrent souvent selon les rôles des individus en son sein. A coup sûr, les normes s’appuient sur les valeurs, qui sont, dans tous les sociétés, des idées, des idéaux, des comportements appréciés et recherchés, se rapportant aux institutions familiales, aux relations économiques, au système politique, aux relations avec autrui, ainsi qu’aux effectuations spécifiques. Les valeurs sociales définissent le contenu des rôles et des attentes, ainsi que le profil des relations sociales, aller outre constitue la déviance. Toute valeur est cette connotation, cette appréciation supérieure attachée à un fait, à un comportement, à quelque chose. Les valeurs font ainsi partie, constituent de la sorte un système de référence qui orientent. Les élites ou « le groupe porteur » jouent un rôle important dans la formation, dans l’émergence et la structuration des valeurs.

Dans les groupes humains, les valeurs constituent des idéaux collectifs qui sont susceptibles de guider les comportements et les actions individuels. Si les normes sont concrètes, les valeurs elles, sont abstraites. Les valeurs telles que le christianisme, par exemple, le confucianisme, le kimbanguisme, le protestantisme, le capitalisme, la laïcité, la démocratie, la démocratie, la justice, la liberté, l’égalité, le travail, l’amour de la patrie, le nationalisme, l’amour du prochain, etc., sont porteuses d’une certaine vision du monde et donnent un sens aux pratiques sociales des citoyens et d’après Durkheim, s’imposent à eux. Les valeurs constituent, selon l’expression du sociologue Chombart de Lauwe des “images-guide,” et bien qu’elles soient abstraites, elles ont une influence sur le réel, pour ce faire, elles participent à l’orientation de l’action nationale en conférant aux normes leur légitimité.

Décidément, les valeurs s’organisent en un “idéal” que la société propose à ses membres. Cet idéal, par exemple l’idéal rotarien, va orienter les pensées et les actes, et, selon le mot d’Emile Durkheim, tout en évitant tout déterminisme moniste et d’admettre que la relativité des valeurs dans le temps et dans l’espace est plus qu’une évidence, “une société ne peut pas se constituer sans créer de l’idéal.”L’anthropo-sociologie nous fait admettre que tout ce qui fait agir un individu dans ses interactions avec les autres et avec la nature ou un citoyen avec les compatriotes et avec la république, fait partie de la culture (MBELA HIZA & LAMES MPONG, op-  cit, pp. 173-181). N’est-ce pas que l’anthropologue anglais du 19ème siècle E.B. Taylor a défini la culture comme « étant un ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le droit, la morale, les coutumes et, toutes les autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en tant que membre d’une société » (MBELA HIZA & LAMES MPONG, op-  cit, pp. 173-181). Elle consiste à cet ensemble des normes, des valeurs, des connaissances et des objets matériels créés et transmis par l’homme (GERI JACQUES, 1986).

De notre part, la culture se comprend comme l’ensemble des croyances, des valeurs, des normes et pratiques communes à un groupe social donné. Elle présente comme fonction : la cohésion et l’intégration sociale des individus ou des citoyens.  Chaque société, chaque nation, etc., possède une culture qui la définit et la distingue d’autres. Ainsi, l’on parlera de la culture congolaise (Luba, Yaka, Mongo, Kongo, etc.) de la culture japonaise, de la culture indienne, de la culture française, de la culture américaine, ou encore, de la culture de la paix, de la culture politique, de la culture étatique, de la culture démocratique, de la culture académique, de la culture ecclésiastique, etc. De ce fait, tout en insistant la relativité de la culture, il y a lieu de retenir que la culture se veut véritablement un héritage social et/ou national. Elle peut être matérielle (la technologie, etc.) ou immatérielle (les croyances).

Par le processus de la socialisation (MBELA HIZA & LAMES MPONG, op- cit, pp.183-200.), l’individu ou le citoyen intègre les normes et les valeurs de son groupe ou de sa nation. Il intériorise les éléments de son rôle social, de ce fait, il ne se sent pas étranger par rapport à son groupe ou sa nation et à ses membres. II s’y dégage un esprit de corps, qu’on peut nommer la conscience collective qui renforce la cohésion sociale et facilite l’intégration des membres. Mais, au regard de la diversité des groupes que nous rencontrons, la culture est une source de distinction, bien sûr, et devient aussi l’enjeu des conflits. Certes, la suite de l’analyse consiste en un regard critique sur la culture politique, démocratique et/ou républicaine de la RD. Congo, en vue de nous rassurer de la place des valeurs et des normes (ou des lois) dans la prévisibilité des comportements de ses citoyens et leur impact dans son devenir historique.

§2. De l’esquisse d’un état des lieux sur la prévisibilité des comportements des citoyens et sur la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs en RD. Congo

Dans la recherche « du salut commun » des congolais, la prévisibilité des comportements demeure utile. Ceci implique la référence aux lois de la république et l’appui aux valeurs républicaines, éthiques et/ou déontologiques, etc. A ce niveau de cette réflexion, nous nous donnons la charge d’en analyser dans le cas particulier de la RD. Congo, prise pour un Etat et/ou une nation.  

1.2.1. Du bref aperçu général de la République Démocratique du Congo, prise pour un  Etat et/ou une nation 

Il a déjà été dit que l’Etat se reconnait par quatre éléments dont le territoire, la population, les pouvoirs publics et la reconnaissance sur le plan international. Pour ce qui est de la nation, il faut considérer les éléments culturels, historiques, mais surtout, « le vouloir vivre ensemble » exprimé par toute la population. Certes, cette ancienne colonie belge a accédé à la souveraineté nationale et internationale le 30 Juin 1960. Au regard des éléments ci-haut indiqués, nous avons le droit d’affirmer que la RD. Congo se veut, non seulement, un Etat au cœur de l’Afrique, mais aussi et surtout, une nation constituée.

Membre de plusieurs organisations régionales et internationales, sa Constitution (Père R.  WAWA et allii, op-cit,  pp. 25- 78) de 2006 fait d’elle un Etat-unitaire, fortement décentralisé avec ses 25 provinces. Il s’agit de Kongo-Central, Kwango, Kwilu, Mai-Ndombe, Equateur, Mongala, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi, Tshuapa, Bas-Uélé, Haut-Uélé, Ituri, Tshopo, Maniema, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Haut-Katanga, Haut-Lomami, Lualaba, Tanganyika, Kasaï Oriental, Lomami, Sankuru, Kasaï, Kasaï Central. A cette liste, s’ajoute la Ville-province de Kinshasa (SHOMBA KINYAMBA, S., 2009), la capitale du pays et le siège des institutions politico-étatiques. Son hymne national est « le Débout congolais », avec « Justice, Paix, Travail » comme devise. Si le Français est retenue comme sa langue officielle, le Tshiluba, le Lingala, le Swahili et le Kikongo sont des langues nationales. La majorité de la population congolaise est chrétienne, avec ses multiples tendances, puis, viennent les musulmans, ainsi que des Eglises indépendantes. Les religions traditionnelles y sont aussi pratiquées (BOLIMA BOLITSI, W, 2009).

La RD. Congo a une superficie de 2345409 km2  et une population de près de 70 millions d’habitants dont 48% composée des jeunes de moins de 15 ans et un taux annuel de croissance démographique de 3,1%. Le pays se classe parmi les nations à taux de croissance démographique élevé d’Afrique. Sa population est composée de 25O groupes ethniques. Elle est regroupée en 5 grands ensembles ayant chacune une implantation bien déterminée : Bantou (80%), Soudanais (10%), Nilotique (4%), Chamite (4%) et Pygmée 2%.  « D’après les fouilles archéologiques, ce sont les pygmées et les bochimans qui seraient les premiers occupants de l’actuel espace territorial dénommé République Démocratique du Congo. Ces derniers vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette » (Père R.  WAWA, 2010).

Point n’est besoin de souligner que ce vaste pays d’Afrique centrale, s’étend de l’océan Atlantique aux plateaux de l’Est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Si le Nord du pays est un grand domaine de la forêt équatoriale, l’Est du pays se veut le domaine des montagnes, des collines, des grands lacs et des volcans, le Sud et le Centre, riches en savanes arborées, forment un haut plateau en minerais divers. La RD. Congo possède une zone frontalière avec neuf pays : la République du Congo et l’enclave de Cabinda (Angola) à l’Ouest, au Nord-Ouest, la République Centrafricaine, au Nord le Soudan du Sud, à l’Est l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie et au Sud, la Zambie et l’Angola (LUMANU BWANA SEFU, 2015).

Traversée par l’équateur, ceci impose une végétation dense au pays et réglemente les activités agricoles de la population. Une grande partie du territoire connait un climat chaud de type équatorial ou tropical, mais la diversité du relief et la présence de l’équateur impose des distinctions d’une province à une autre. Les hautes terres de l’Est présentent des températures tempérées (18,3° à 19,9°). Le centre du pays est constitué d’une vaste cuvette alluviale couvrant environ un tiers du territoire et dont l’altitude entre 300 et 500 m (Père R. WAWA et allii, op-cit, p.7). La végétation de la RD. Congo se compose, généralement, de forêts équatoriales et de marais. Le Bassin du fleuve Congo comporte un réseau hydraulique dense et de larges plaines inondables. Grâce à son immense bassin hydrographique, la RD. Congo pourrait générer 13% de l’hydroélectricité mondiale (100 000MW). Par sa longueur (4700km2), il est le deuxième fleuve d’Afrique après le Nil. En outre, par son débit (21000 à 75000 m3 par seconde) et l’étendue de son bassin (3700000 km2), le Congo est le deuxième fleuve du monde après l’Amazone (Père R.  WAWA et allii, op-cit,  pp. 4- 7).

Comme déjà dit, le pays est riche en biodiversité (KASONGO - NUMBI KASHEMUKUNDA, ), raison pour laquelle, il est classé parmi les dix pays dits de la méga-biodiversité qui rassemblent à eux seuls environ 60% des espèces de faune et de flore actuellement recensées. La RD. Congo abrite des parcs nationaux (Virunga, Kahuzi-Biega, Garamba, Salonga, Upemba, Kundelungu, Maiko) et des réserves de faune et de flore et des lacs. Ses immenses ressources sont : cobalt, cuivre, radium, uranium, or, diamant, zinc, manganèse, fer blanc, germanium, radium, bauxite, minerai de fer, charbon, coltan, pétrole, etc. Kasongo- Numbi Kashemukunda dans « L’Afrique se recolonise. Une lecture du demi-siècle de l’indépendance du Congo-Kinshasa » KASONGO- NUMBI KASHEMUKUNDA, op- cit, pp.7- 99, consacre son étude à la présentation des potentialités en matières premières et autres richesses de la RD. Congo, province par province. La carte qui suit, nous donne d’autres informations utiles sur le pays.


Source : LUMANU BWANA SEFU, Les provinces du Congo. Création-Démembrement et Regroupement (1910-2015), PUC, Kinshasa, 2015.

1.2.2. De la DR. Congo et de la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs dans l’agir historique des citoyens : esquisse d’un état des lieux sur la prévisibilité des comportements des congolais

La sociologie comparée nous renseigne que l’évolution des nations procède de plusieurs déterminismes. Il y a lieu de citer entre autres, des facteurs idéologiques, de la gestion du temps, de l’accumulation des connaissances, du type de valeurs dominantes, des facteurs sociaux, des facteurs économiques, des facteurs politiques, des facteurs technologiques, des facteurs démographiques, des facteurs normatifs, des facteurs climatiques et environnementaux, des facteurs sécuritaires et des conflits, etc. Il sied de noter que ces éléments et/ou facteurs de développement agissent concomitamment et en interagissant. A coup sûr, le développement, mieux, le passage d’une société ou d’une nation quelconque d’une situation moins satisfaisante vers une situation plus satisfaisante avec l’économie du temps et d’outils, etc., demeure donc tributaire de « l’agir humain réfléchi » et des certaines conditions offertes par chaque société. Dans le cadre de cette analyse qui concerne la RD. Congo, nous prenons en compte les valeurs et l’élément normatif.

Pour ce faire, en la comparant aux Etats- Unis d’Amérique par exemple, il y a lieu de soutenir avec l’observation que la superpuissance américaine est aussi tributaire de leur culture qui favorise la créativité. Le « protestantisme » (MAX WEBER, 1964) détermine leur agir historique. Une lecture attentive de « L’Ethique et l’esprit du capitalisme » de Max Weber suffit pour avoir la clé de ce qui vient être dit. Dans cet ouvrage, l’auteur « s’attache à montrer que les valeurs contenues dans l’éthique religieuse du protestantisme et spécialement du calvinisme, ont favorisé l’essor du capitalisme. Il établit ainsi un lien entre opinions religieuses et valeurs, et entre les valeurs et les comportements économiques, … » (DOUGLASS NORTH, op -cit, p. 174). Il en découle la possibilité d’expliquer des situations sociales en considérant « les relations entre les croyances comportementales et l’évolutions des structures institutionnelles et organisationnelles spécifiques » (DOUGLASS NORTH,  op -cit, p. 174).

Personne ne peut contester la volonté politique américaine d’occuper la première place. Celle-ci se veut une possession et se traduit par la volonté de domination qui y culmine. Certes, il est utile de faire remarquer la volonté américaine de domination qui se manifeste sur le plan politique, militaire et sur le plan économique, etc. Une chose reste vraie : « les Etats-Unis ont construit l’économie la plus puissante et la plus riche qui n’ait jamais existé. Ils le doivent à leur modèle et au culte de la réussite et à la force, mais aussi et surtout, aux valeurs qui sous-tendent – liberté, progrès, pragmatisme (…)» (LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 15). Par contre, l’observation présente la nation congolaise comme un modèle de la culture débilitante, inhibitrice et destructrice de développement. 

Dans la même logique, lorsqu’il faut chercher à saisir les déterminations de l’émergence des Dragons d’Asie orientale, etc., sans pour autant soutenir le monisme explicatif, la sociologie du développement nous renseigne que ces nations évoluent en mettant en exergue des normes sociales et des valeurs émanant de leur culture résumée dans le Confucianisme (BOLIMA BOLITSI, W., & NDJONDJI BAMBE, R., 2017). Ces nations asiatiques, sans doute, s’accrochent au Confucianisme, qui se veut cette valeur culturelle qui justifie leur action historique. Faisant foi à leur culture, elles n’ont pas, par exemple, suivi aveuglement les prescrits du Consensus de Washington (BOLIMA BOLITSI, & S. MASUMBUKU KALONDA, 2009). Leur émergence provient de la volonté de leurs groupes porteurs. Ces derniers, ont recherché et témoignent une marge de liberté de décision et une dose de la capacité étatique dans leur action historique.

Puisque le travail demeure aussi l’une des valeurs émancipatrices, nous tenons à souligner avec de l’histoire comparée que «… par le travail l’Etat d’Israël a changé une partie de désert en terre arable. Mêmement, par le travail, les hollandais ont gagné sur la mer une partie de la terre exploitable (polders) (Ab. CIAMALA KANDA, 1978). A ce sujet, signalons qu’en RD. Congo, par contre, les citoyens agissent à contrecourant et à contre sens, malgré que « le travail comme valeur » fasse partie des éléments de sa devise. A cela, s’ajoute « l’action actuelle des Eglises de réveil pour lesquelles la causalité sociale demeure logée non plus dans l’action humaine mais dans la volonté divine. Ceci démobilise de la sorte tout effort de transformation de la société par l’homme : NZAMBE KAKA, YAHWE SALA LOLENGE NA YO, BISO TOKOMI NA SUKA, AU NOM DE JESUS, SANS EFFET, etc. » (BOLIMA BOLITSI, « Le 21ème siècle kinois, déjà-cité, p. 154), (traduit littéralement comme suit : que la volonté de Dieu soit faite, YAHWE fait ce que tu veux, nous nous sommes arrivés à bout de notre force et toi Dieu tu fasses ta volonté, …), qui entretient la culture de la pauvreté au Congo-Kinshasa et la dynamique du sous-développement en dépit des potentialités naturelles que regorge le pays.

Le congolais attend à tout moment l’aide de la communauté internationale et le miracle divin. Raison est à Emile Bongeli Yeikelo Ya Ato, qui souligne de sa part que, l’Etat congolais est, non seulement, un grand bébé, mais, aussi et surtout, un pleurnichard devant la communauté internationale (BONGELI, E., 2004). Dans le même ordre d’idées, il est utile de citer L. Lombeya Bosongo, qui ajoute que : « dans la concurrence mondialisée, un pays dont les dirigeants sont dépourvus de toute force de négociation comme la République Démocratique du Congo, ne pourrait aujourd’hui jouer que deux rôles : - subir une industrie extractive dont la fonction essentielle est de servir de pourvoyeuse des matières premières aux industries des pays développés d’une part, et d’autre part, - servir d’exutoire pour les produits d’exportation des pays du Nord »(LOMBEYA BOSONGO, Sociologie de développement, déjà-citée, p. 26).

Un regard critique sur l’histoire des institutions politico-étatiques de la RD. Congo nous permet de soutenir que l’élément normatif (le droit positif) semble ne pas être popiste pour « le salut commun » des congolais.

Point n’est besoin de rappeler que la république trouve son fondement dans la loi fondamentale. C’est celle-ci qui organise la vie nationale et oriente le fonctionnement des institutions, etc. Cependant, il s’observe qu’en RD. Congo, le respect de la constitution n’est souvent effectif qu’avec des martyrs. Les cas Rossy Mukendi et Armand Tungulu, etc., en sont des illustrations (Données de l’observation). En outre, faisons remarquer que la loi des finances de l’année (ou le budget de l’Etat), le code d’investissement, le code minier, ainsi que le code forestier de la RD. Congo, etc., servent plus pour la consommation extérieure. Qui pourra nous contredire lorsque nous soulignons que la circulation sur les routes en RD. Congo et, particulièrement, à Kinshasa, ne tient pas compte du code de la route ? N’est-ce pas que la règlementation sur la garantie locative y demeure inopérante ? La loi sur le commerce voulant que le petit commerce soit exclusivement l’apanage de seuls les congolais a produit quels effets ? Même chose à l’Enseignement Supérieur et Universitaire. Il sied de signaler que dans ce secteur, les professeurs des universités et/ou instituts supérieurs congolais n’ont jamais élu leurs recteurs ou directeurs généraux en dépit de la loi en la matière, etc. Ce tableau sombre en rapport avec la non application des textes lois n’est que limitatif au point que d’aucuns soutiennent que « la République Démocratique du Congo ne soit cet espace étatique de déni des valeurs et de l’inobservance des lois » Données de (l’observation).

En définitive, nous somme dans l’obligation d’insister sur le fait que dans toutes sociétés organisées, mieux, dans tout Etat-républicain et/ou de droit, les lois, les normes sociales ou les règles de conduite (naturelles comme positives), soutenues par des valeurs, etc., tiennent à la prévisibilité des comportements des citoyens. Néanmoins, la sociologie retient que les désordres politiques qui affectent actuellement la RD. Congo, le recul de l’Etat congolais dans l’accomplissement de ses fonctions de sécurité, de régulation judiciaire, de satisfaction des besoins sociaux et des aspirations sociales, etc., font de la nation congolaise un système ouvert qui reçoit des interventions et des influences de toutes sortes sur le plan politique, économique, socio-culturel, religieux. Toutes ces influences extérieures y proposent et apportent des valeurs différentes, ainsi que des orientations antagonistes qui sont criminogènes, c’est-à-dire, porteuses des germes de déviance. Tenez, quand la pauvreté vient frapper une forte proportion importante de sa population, elle la livre aux sollicitations des valeurs nouvelles qui sapent les fondements d’autrefois et désintègrent la société congolaise toute en entière.

En République Démocratique du Congo, des nombreux conflits dans le mariage, dans la famille, dans l’exercice du pouvoir politique, dans la pratique religieuse, les nombreux problèmes de société (exode rurale, chômage, filles - mères, divorces, sorcellerie, hypertrophie religieuse, enfants de la rue, insécurité urbaine, etc.), sont la preuve que la société congolaise fait aujourd’hui face à des graves problèmes d’intégration sociale et culturelle. Ensuite, « l’abandon de la responsabilité du développement de son économie à l’initiative extérieure : institutions financières internationales, différentes coopérations, adoption des lois, des codes et règlements, etc., qui donnent un cadre institutionnel inspiré et ordonné par des intérêts extérieurs sous prétexte de la mondialisation et de l’interdépendance, etc. » (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, pp. 27-28)., sont là aussi des preuves que la RD. Congo demeure un Etat dont la structure sociale est dépourvue de toute volonté historique et de valeurs de base de référence, tant au niveau de la conception qu’au niveau de pratique. Voilà pourquoi, il importe de rappeler l’intérêt si modeste de cette production anthropologico-sociologique qui fait appel à la capacité émancipatrice du groupe qui anime l’Etat, en insistant sur des nouveaux mécanismes de contrôle social, ainsi que sur des nouveaux « groupes porteurs » des valeurs de référence pour la société congolaise en crises multiformes. Le groupe porteur étant, « au niveau élevé des animateurs, celui des animateurs de l’Etat, des détenteurs du pouvoir politique principalement, …. Celui qui établit les conditions générales de la pensée et de l’action, de manière que par les consolidations successives des actions intégrées d’ordre politique, économique, social et culturel (religieux et idéologique), la nation soit cet ensemble d’intérêts communs, de conscience et solidarité partagés à vocation semblable » (LOMBEYA BOSONGO, L., op- cit, pp. 27-28).


 

CONLUSION ET PERSPECTIVES

Nous voici au terme de cette réflexion sur la nécessité de la prévisibilité des comportements des citoyens et de la portée du caractère stratégique des lois et des valeurs, avec un regard antropologico- sociologique sur le cas particulier de la RD. Congo, considérée comme une république. En évitant tout déterminisme moniste, nous admettons que dans tout Etat-républicain, l’action citoyenne est guidée par des lois (des normes) et des valeurs qui prescrivent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne pas faire. Les normes renvoient aux règles qui définissent et orientent l’action des citoyens à l’intérieur de leur nation (BOLIMA BOLITSI, W., 2009). Elles peuvent prendre plusieurs formes, telles que des règles explicites qui s’imposent officiellement à tous et qui peuvent être de nature juridique (un texte de loi) ou réglementaire, etc.

Si les sociétés modernes, mieux, républicaines, sont de plus en plus soumises à des règles explicites (droit positif), il ne reste pas moins vrai que d’autres règles implicites, intériorisées lors du processus de socialisation emportent tout autant et régissent la plupart des relations à l’intérieur des groupes restreints (droit naturel). Une façon de rappeler que le devenir meilleur d’une société nationale, soutenue par le développement culturel, social, et économique, etc., dépend du degré de civisme, du degré de conscience morale et politique de ses citoyens, selon qu’il est admis que les règles sociales ou les normes assurent la prévisibilité des comportements des individus au sein de la société étatique. Cependant, l’analyse affirme qu’en RD. Congo, l’intériorisation des normes et des valeurs qui devraient être accompagnée d’un système formel ou informel de sanctions permettant à l’Etat congolais d’institutionnaliser et de ritualiser ses lois pose problème. Il s’y observe une culture inhibitrice de valeurs porteuses d’une vision du monde et de déni des lois, etc., au point que d’aucuns pensent que cet espace, aujourd’hui, dénommé République Démocratique du Congo au cœur d’Afrique, se veut « un cas d’une école d’une structure sociale dans ses composantes politique, intellectuelle, culturelle, etc., dont la débilitation procède de l’indétermination des valeurs et de l’absence d’une base nationale de référence »( LOMBEYA BOSONGO, L .,  op-cit, pp. 27-28).

Certes, les valeurs sont des idéaux collectifs susceptibles de guider des comportements, mieux, des actions individuelles, et servent d’appui aux normes. Pour ce faire, nous plaidons pour la culture de respect des textes des lois et des valeurs permissives du « salut commun » en RD. Congo. Dès lors, comme “une société républicaine ne peut pas se constituer sans créer de l’idéal,” nous appelons l’élite dirigeante congolaise à investir dans les structures (la famille, l’école, l’église, la police, l’appareil judiciaire, les procédures d’exclusion et les conseils de discipline, etc.) destinées à la socialisation(PALLOIX, C., 1081) des citoyens à la vie républicaine, ainsi qu’à la culture de respect des lois par application des sanctions qui s’imposent, avec comme principe monteur : « tous les citoyens sont égaux devant la loi».


 

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

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À propos de REGARD LUCIDE 

Regard lucide est une revue scientifique à comité de lecture. Elle est l’un des canaux de publication des résultats de recherches mis en place par le Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire Congolais (www.criic-rdc.net), CRIIC en sigle.
Sa périodicité de parution est de trois mois (trimestrielle) et elle est bi-langues (français et anglais).

 

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