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DYNAMIQUE DES ESPACES VERTS INTRA ET PERIURBAINS ET SES INCIDENCES SUR LES MILIEUX DE L’ARRONDISSEMENT DE YAOUNDE II


Auteur de l'article

ALIMA Laurent Jonas

Il est Doctorant en Géographie de l’Environnement (Université de Maroua, Cameroun), Ingénieur des Mines et du Pétrole (Option QHSE) e-mail : laurentalima@gmail.com




Résumé

La protection de l’environnement est une préoccupation actuelle. Le sujet traité trouve son importance dans la mesure où il pose le problème de la dégradation des espaces verts. Ainsi il revient de nous interroger : comment la dynamique des espaces verts influence le milieu de vie des populations de Yaoundé II ? L’objectif vise à analyser les principaux aspects de la dynamique des espaces verts intra et périurbains dans l’Arrondissement de Yaoundé II. Cette analyse des incidences liées à la dynamique des espaces verts fait l’originalité de cette thématique.

La méthode utilisée est l’approche hypothético-déductive qui est ainsi couplée à une démarche systémique. En ce qui concerne la collecte des données sur le terrain, elle a été faite en nous servant du questionnaire, d’un guide d’entretiens, des interviews, des missions de terrains guidées, des photographies.  Le traitement des données collectées sur le terrain a permis d’obtenir des tableaux de fréquences, et des figures qui servent ici d’illustration. Il en découle que les causes de la dynamique des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II sont à la fois naturelles et anthropiques ; quant aux conséquences il en ressort des aspects positifs et néfastes.

Mots clés : espaces verts, incidences, sauvegarde, conséquences,Yaoundé II, dynamique.

Abstract

 

Environmental protection is a current concern. The subject covered is important insofar as it raises the problem of the degradation of green spaces. So it begs the question: how do the dynamics of green spaces influence the living environment of the populations of Yaoundé II? The objective aims to analyze the main trends in the dynamics of intra- and peri-urban green spaces in the Yaoundé II District. The analysis of the impacts linked to the dynamics of green spaces makes this theme original.

The methodology used is the hypothetico-deductive approach which is thus coupled with a systemic approach. Regarding the collection of data in the field, this was done using questionnaires, interview guides, interviews, guided field missions, photographs. The processing of the data collected in the field made it possible to obtain frequency tables, and the figures which serve here as an illustration. It follows that the causes of the dynamics of green spaces in the district of Yaoundé II are both natural and anthropogenic; as for the consequences, there are positive and negative aspects.

Keywords: green spaces, incidence, safeguard, consequences, Yaoundé II, dynamique.


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INTRODUCTION 



L‘introduction intègre comme éléments principaux la problématique et les références bibliographiques

 

Problématique

L’Arrondissement de Yaoundé II possède des espaces verts intra et périurbains qui donnent à cet Arrondissement des caractéristiques particulières. Néanmoins à partir de l’observation faite, il en découle que la majorité des espaces verts au sein de Yaoundé II connaît une dynamique, bref une modification concrète.

Le phénomène de la réduction des espaces verts au fil du temps dans l’ensemble du territoire national, apparaît de nos jours comme une situation particulière.

A Yaoundé II, la dynamique des espaces verts est mise en exergue à la fois par des acteurs sur le plan local et international, car des enquêtes font ressortir le fait que certains monts de l’Arrondissement à l’instar du Mont Messa ont  connu ces dernières années un déboisement qui est supérieur à 70% (Michel Tchotsoua, 2016), ceci est dû principalement à  l’occupation rapide et incontrôlée de l’espace par les populations en quête d’un lopin de terre en vue de s’installer et de  développer diverses activités ; cette situation est également observée sur d’autres sites comme au Mont Mbankolo où la déforestation ne cesse de croître.

La destruction des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II est provoquée par plusieurs faits. Dans un premier temps, cette dynamique est générée par la croissance démographique, en outre relevons les conditions de vie précaires dans lesquelles vivent les populations, lesquelles conditions les contraignent parfois à s’installer dans des sites inhospitaliers à l’instar des flancs des montagnes comme c’est le cas à Mbankolo et à Messa. Ensuite il est important d’identifier le manque de sensibilisation des populations et les difficultés à pouvoir mettre en application le plan d’urbanisation de la ville de Yaoundé.

Ainsi, il revient de s’interroger : Quels sont les mobiles et les  acteurs de la dynamique des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II ? Comment cette dynamique influence le milieu de vie des populations de l’arrondissement de Yaoundé II ? Quelle est l’état des lieux de la dynamique des espaces verts dans la zone d’étude ? Comment y remédier ?

Cette recherche trouve son importance dans la mesure où elle traite d’un problème d’actualité qui est lié à la détérioration de la nature. Cette étude se présente comme une alerte dans l’optique d’une prise de conscience générale.  L’originalité de ce travail repose d’abord sur la méthodologie qui intègre deux démarches simultanées dont l’approche hypothético-déductive et systémique qui permettent d’obtenir des résultats pertinents et de qualité ; ensuite l’élaboration des stratégies pour une meilleure gestion et protection des espaces verts.  

A travers cette recherche deux projets sont envisagés. Le premier projet porte sur la restauration des espaces verts dégradés ; comme atouts on note l’amélioration du cadre de vie et la conservation des espèces. L’objectif est de lutter contre la variabilité climatique. Le deuxième projet s’intéresse à la valorisation de ces espaces verts. Les avantages de ce projet résident dans la multiplication des activités génératrices de revenus. Les objectifs qui en découlent visent à mettre les populations au centre, et à faire de Yaoundé II une zone attractive pour les touristes et étrangers. 

Revue de la littérature

 La dynamique des espaces verts est un phénomène palpable et qui s’observe la plupart du temps au niveau des espaces naturels. Ainsi, ces dernières décennies on observe une dégradation considérable des forêts. Plusieurs recherches illustrent le fait. Selon Nicolas Hulot (2010) lequel chaque année il y a environ 12 millions d’hectares de forêts qui disparaissent sur la terre, ce qui est l’équivalent de la superficie de l’Angleterre. Aussi, Aimé Nguedjo (2011), écrit que l’une des causes majeures de la réduction des forêts est l’occupation non planifiée de l’espace et plus particulièrement des flancs de montagnes. La réduction des espaces verts au niveau des montagnes engendre de nombreuses conséquences telles que les mouvements de terrain, la modification de l’écoulement des cours d’eau ; ces derniers sont à l’origine de la destruction des infrastructures et par ricochet des pertes en vie humaines, constate Dieudonné Feukoa (2010).

Les espaces verts sont des entités qui font généralement face à des actions de dégradation. Ainsi pour pallier cela plusieurs mesures et solutions sont envisagées.  Primo, il est à relever le rôle des institutions étatiques à l’instar du ministère des forêts et de la faune (MINFOF) dans l’élaboration des lois, normes pour assurer une meilleure exploitation et une répartition des revenus avec les populations. Secundo on peut noter la participation des collectivités locales décentralisées à la protection de l’environnement au Cameroun, écrit Guy Laurent Kouam (2009). La préservation des espaces forestiers s’appuie également sur la mise en place de la Réduction des Émissions de Gaz à Effet de Serre dues à la Déforestation (REED+) précise Jean Baptiste Tokam (2014). Les populations jouent également un rôle déterminant dans la protection des espaces verts. C’est ainsi que celles des monts Mbankolo et Messa 2 sont de plus en plus sensibilisées sur les dangers auxquels elles s’exposent en dégradant leur environnement naturel, soutient Kouogang S (2016). En plus, les espaces verts jouent un rôle prépondérant pour un meilleur fonctionnement de l’environnement. L’aménagement des espaces verts dans une ville participe à absorber une grande quantité d’eau de pluies et limite ainsi la montée des eaux surtout dans les zones de faible altitude relève Temeu M (2018).

Nos travaux de recherche portant sur la dynamique des espaces verts dans l’Arrondissement de Yaoundé II, se démarquent des autres recherches par son approche méthodologique qui associe à la fois l’approche systémique et hypothético-déductive pour comprendre davantage le phénomène étudié. Aussi, notre recherche intègre les dimensions du développement durable qui sont d’ordre économique, social et environnemental.  En outre, les stratégies proposées visent non seulement la conservation des espaces dégradés, mais aussi leur restauration et valorisation pour un développement durable.

1.    Présentation du milieu d’étude : Commune de Yaoundé II

Figure 1 : Localisation de la Commune de Yaoundé II


Source : Commune de Yaoundé II, Institut National de la Cartographie  cartographie

 

La Commune de Yaoundé II est l’un des 07 arrondissements de la Capitale politique du Cameroun. L’Arrondissement de Yaoundé II est limité au Nord-Ouest par Okola, à l’Est par la Commune de Yaoundé 1, au Sud par Yaoundé VI.

2.    Matériel et méthodes

Cette partie se focalise dans un premier temps sur la collecte des données secondaires. Ainsi, des données sont collectées à partir des documents dans des centres de documentations tels que : la bibliothèque du cercle histoire-géographie de l’Université de Yaoundé I, au centre de documentation de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé ; à la bibliothèque du Centre National de l’Education du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI) et le Centre de Documentation du Ministère de l’Environnement (CIDE) ou sont collectées les informations sur la loi forestière au Cameroun, les types de forêts existantes au Cameroun et les conséquences liées à la dégradation des espaces verts. En outre, plusieurs données sont prélevées dans les journaux, articles et ouvrages mis en ligne.

La seconde phase est basée sur la collecte des données primaires qui s’est faite par les explorations, des observations, interviews, entretiens. Les entretiens avec les personnes ressources ont permis d’élaborer le questionnaire qui est administré par la suite auprès des populations.

Pour mener à bien cette étude, il s’agira d’avoir ici recours à une enquête par sondage aléatoire stratifié, ceci s’explique par le fait que la population d’étude est hétérogène. Ainsi, le questionnaire a été administré auprès de 205 enquêtés et les résultats généralisés. Le traitement des données textes est mené grâce à l’usage du logiciel SPSS, qui facilite la conception du masque de saisi.

Le traitement des données iconographiques est réalisé par le biais des logiciels tels qu’Erdas qui a facilité le traitement des images satellites et Argis qui a servi à la mise en page des cartes conçues.

Les photos sont aussi des données de terrain indispensables pour le géographe ici, les outils de traitement Word et Adobe Photoshop sont utilisés.


 

3.    RESULTATS

3.1.        L’état des lieux des espaces verts, causes et temps forts  des                                        mutations à Yaoundé 2 

Dans cette partie, il s’agit de présenter les espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II et les mobiles de la dynamique de ceux-ci.

3.1.1.   L’Etat des lieux des espaces verts dans l’arrondissement                                    de Yaoundé II

L’état des lieux des espaces verts s’appuie sur la typologie. Il est relevé dans ce cadre : les espaces verts naturels et les espaces aménagés. La carte ci-dessous vient comme illustration. 

 

Figure 2 : Carte des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II

Source : Bandes géospatiales de SOGEFI 2016, Enquêtes de terrain (octobre 2017)

 

La figure 2 ci-contre fait état des différents types d’espaces verts rencontrés dans l’Arrondissement de Yaoundé II. On peut donc relever 02 catégories d’espaces verts dont les espaces verts naturels d’altitudes composées des forêts des monts Mbankolo, Messa, Fébé.

La deuxième catégorie est constituée des espaces verts aménagés parmi lesquels on note le Parcours Vitae, le Jardin du Palais des sports, le bois Sainte Anastasie, le bois du Palais des Congrès, le terre-plein du Palais des Congrès, le Rond-Point Bastos, l’espace fleuré de la cité verte, le Golf Club. 

3.1.1.1 Les espaces verts naturels d’altitudes

Ils sont composés des espaces non aménagés rencontrés sur les monts. Nous pouvons relever entre autres :

-       La forêt du mont Fébé : qui se localise au Nord de l’arrondissement, cette dernière est peu dégradée. Elle a une altitude qui est égale à 1872 mètres ;

-       La forêt du mont Mbankolo : elle est présente à l’ouest de la carte. C’est une végétation peu dégradée. Son altitude est estimée à 1858m ;

-       La forêt des monts Messa : constituée de 03 sommets d’altitude variant entre 700 et 1100m. Cette dernière fait face à une dégradation avancée. En dehors des espaces verts de montagnes, il est à noter les espaces verts aménagés.

 

3.1.1.2        Les espaces verts aménagés

Dans cette catégorie, les espaces verts aménagés sont le résultat de l’action anthropique. Parmi ces espaces, il est à noter :

-       Le Golf Club : espace dédié au Golf, établit par la Communauté urbaine. IL est utilisé à des fins lucratives ;

-       Le Parcours Vita: il est le résultat de la synergie entre la Communauté Urbaine et le Génie Militaire. Ses missions sont à la fois récréatives et de conservation ;

-       Le bois Sainte Anastasie : implémenté par la Communauté Urbaine de Yaoundé. Ses finalités sont récréatives et de conservation.

La typologie des espaces verts rencontrés dans l’arrondissement de Yaoundé II sont naturels et aménagés. Cependant, ces espaces connaissent des mutations qui ont diverses origines.    

3.1.2.    Les mobiles et les temps forts de la dynamique des espaces                                                    verts 

3.1.2.1.                Les raisons de la dynamique des espaces verts

Les mobiles ici renvoient aux facteurs responsables de la transformation des espaces verts à Yaoundé II. Ici, il est à noter les causes naturelles et humaines.

Les causes naturelles

Il s’agit de l’ensemble des éléments qui sont provoqués par la nature. Dans la zone d’étude, on peut relever l’érosion et la variabilité climatique.

-       L’érosion : C’est l’un des phénomènes responsables de la dynamique des espaces verts dans l’Arrondissement de Yaoundé II. Ce phénomène est beaucoup plus observé sur les reliefs d’altitude tels que les Monts Mbankolo, Messa et Fébé.

-       La variabilité climatique : est considérée comme l’ensemble des modifications observées sur le climat au cours d’une courte période (Organisation météorologique mondiale). Dans la ville de Yaoundé et plus particulièrement dans le deuxième arrondissement on note ces dernières années une augmentation de la température moyenne contrairement aux années 1970 et 1980. La variabilité climatique dans la zone d’étude est marquée par un prolongement des périodes sèches. Ce prolongement des périodes sèches est responsable de la diminution de la biodiversité floristique surtout au niveau des montagnes. 

Si les éléments naturels participent à la dégradation des espaces verts, il n’est pas à mettre de côté l’action humaine.

Les causes anthropiques

Ce sont les éléments liés aux activités humaines au quotidien. Ces éléments sont mis en relief.

Figure 3: Perceptions des ménages sur les causes de la réduction des espaces verts

          

Source : Enquête de terrain (Décembre 2017)

Cette figure résulte des enquêtes menées auprès des populations. Il ressort que les principales raisons de la dégradation des espaces verts sont : la croissance de la population (22,55%), l’occupation non contrôlée de l’espace (20,59%), la coupe abusive des arbres (19,61%).

La dynamique des espaces verts dans la zone d’étude est également faite par les actions d’aménagement tel que la figure suivante l’illustre.

Figure4: Avis des populations sur les actions de l’aménagement des espaces verts.

                 

Source : Enquêtes de terrain (Décembre 2017)

Suite aux enquêtes réalisées sur le terrain auprès des populations, il en découle que sur 100% des répondants 47% affirment que l’aménagement est faite par la communauté urbaine.

La nature associée à l’homme participe à la dynamique des espaces verts, reste à présent de s’attarder sur les temps forts de ce phénomène.

3.1.2.2. Les temps forts de la dynamique des espaces verts à                                                           Yaoundé II

Parler des temps forts ici revient à s’appesantir sur les périodes au cours desquelles on a observé une dynamique considérable des espaces verts. Pour se faire il est utilisé une figure.

Figure 5: schéma synthétique de la dynamique des espaces verts à Yaoundé II (1973-2015) 

    

Source : Landsat MSS (3), TM (5), ETR+(+), OLI (8), enquêtes de terrain (décembre 2017)

La figure 5 dans ce travail est importante dans la mesure où elle permet de comprendre davantage le phénomène étudié. Ainsi, il est à noter que la dynamique des espaces verts comprend 04 phases réparties sur une période de 42 ans (1973-2015).

 

 

 

De prime à bord, en ce qui concerne les forêts adultes, nous remarquons une réduction car en prenant en compte les périodes 1973, 1987, 2001, 2015 les superficies occupées par les forêts adultes sont respectivement les suivantes : 1535,71 ha, 938,18 ha, 916,80 ha, 719,40 ha. Ces chiffres justifient l’allure de la courbe rouge qui a une forme décroissante. Il est important de noter dans ce cadre que la réduction des espaces verts et plus particulièrement des forêts se fait à un degré supérieur à 50 ha, lorsqu’on passe d’une période à une autre.

Quant aux cultures et plantations, les données statistiques montrent également une évolution. En s’appuyant sur les différentes périodes étudiées à savoir 1973, 1987, 2001, 2015, les superficies couvertes par les cultures et plantations sont en ordre : 179,27 ha, 109,98 ha, 153,70 ha et 330,49ha. Ces données donnent une double allure à la courbe, car entre 1973 et 1987, on observe une chute, puis, à partir de 1987 jusqu’en 2015, la courbe est ascendante ceci s’explique par l’augmentation des activités agricoles dans la zone d’étude à cette période.

En outre, les jachères et forêts jeunes sont caractérisées par une évolution bien spécifique dans la mesure où on observe une augmentation de la superficie occupée par ces dernières. L’observation de la courbe met en relief un pic au cours de la période 1987 (662,80 ha), contre 370,34 ha en 1973. Le pic observé sur la courbe peut aussi s’expliquer par la substitution des forêts adultes par les jachères et forêts jeunes dans l’Arrondissement de Yaoundé II. Or, à partir de l’année 2001 jusqu’en 2015 la courbe décrit une allure stagnante.

Le bâti et les sols nus ne sont pas en reste, car ils connaissent également une évolution. L’allure de la courbe est révélatrice, car au cours de la période 1987 on enregistre un pic 591,40ha, contre 212,72ha en 1987. En outre, l’allure de la courbe n’est sans cesse mobile, ainsi on note une croissance vertigineuse de celle-ci, et le deuxième pic est observé au cours de la période 2001 (692,03 ha), et en 2015 elle est de plus en plus croissante 725,10 ha

En bref, il est clair que l’association des données statistiques à la cartographie montre une véritable dynamique des espaces verts dans l’Arrondissement de Yaoundé II. Cette dynamique est révélatrice d’une kyrielle d’incidences.

 

3.2.        La dynamique des espaces verts dans l’arrondissement   de Yaoundé II : un phénomène aux multiples incidences

Il sera donc question de faire un diagnostic sur deux plans. D’abord, il est présenté les effets néfastes de la dégradation des espaces verts dans l’Arrondissement de Yaoundé II ; puis dans un second temps, il sera analysé les bienfaits ou alors les atouts en rapport à l’aménagement des espaces verts.

3.1.3.   Les conséquences contrastées de la dynamique des espaces                                         verts

Dans ce volet, il est mis en exergue les conséquences néfastes sur les plans environnementales et sociales.

3.1.3.1.        Les conséquences environnementales

Il s’agit des éléments qui affectent de façon négative l’environnement. On peut relever :

-       Une diminution de la couverture végétale. Ceci entraine des effets considérables sur le cadre de vie et l’environnement en général, car certaines plantes utilisées pour le traitement des maladies ont disparu. C’est dans la même optique que dans l’un des articles du ministère de l’environnement et des forêts et ayant pour titre les efforts du Cameroun pour assurer l’aménagement durable de ses forêts tropicales d’ici 2000, il est écrit : « la dégradation des forêts est à l’origine de la détérioration de notre cadre de vie et entraine des conséquences remarquables ».

-       Les incidences sur la topographie : ici, le constat mené met en exergue une dégradation du relief suite au recul de la biodiversité floristique. Les populations vivantes sur les montagnes sont confrontées à plusieurs risques parmi lesquels : l’érosion, glissement de terrain, effondrement, rupture de pentes.

Il est donc évident que si la diminution des espaces verts a des incidences environnementales, ceci l’est également sur le plan social.

3.1.3.2.        Les effets sur le plan social

Les transformations observées sur les espaces verts affectent directement les populations de la zone d’étude.

-       L’exposition des populations aux mouvements de masse : ce phénomène peut se déclencher lorsqu’un relief sous l’effet de la pression naturelle ou anthropique se met en mouvement et provoque des dégâts ceci est illustrée par la planche photographique ci-après.

Planche photo 1 : Exposition des populations de Mbankolo aux risques géomorphologiques


Source : Alima L. (Septembre 2017)

Cette planche photographique est une illustration de l’exposition des populations de l’Arrondissement de Yaoundé II. La photo A est une vue prise non loin du carrefour Mbankolo. En arrière-plan on observe d’immenses rochers sur lesquels pousse une végétation arborée. En avant plan de cette même photo, notons la mise sur pieds d’un important nombre d’infrastructures, notamment une université privée en bâtiments blancs, et plus bas des maisons. La photo B quant à elle présente en arrière-plan un rocher entouré d’une végétation et en avant plan, on observe une habitation construite à quelques mètres en amont du rocher. Ces deux photos montrent clairement que les populations qui vivent dans ces zones sont très exposées aux mouvements de masses.

-       De nombreuses pertes matérielles et humaines : la dégradation des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II présente des incidences négatives dans la mesure où elle provoque des pertes en vies humaines telles que l’illustre la figure suivante.

 

Figure 6: Avis des ménages à propos de l’enregistrement des pertes en vies humaines


Source : Enquêtes de terrain (Décembre 2017)

 

À la suite de la figure 6, à la question de savoir si les pertes en vies humaines ont déjà été enregistrées à la suite des accidents de terrain ? La figure concernée fait état de ce que 37,30% des enquêtés ont donné une réponse négative. Cependant, 31,90% ont répondu par l’affirmative, le pourcentage des personnes qui ont répondus ne rien savoir est de 30, 90%.

Il ressort de ce qui précède que la dégradation des espaces verts peut porter atteinte à la vie de nombreuses personnes dans la zone d’étude. Malgré la situation présentée précédemment, l’aménagement constitue un avantage.

3.2.2. L’aménagement des espaces verts à Yaoundé II : une opportunité pour les populations

La mise en place des espaces verts est bénéfique sur le plan socio-économique

Les aspects positifs sur le plan socio-économique

Les espaces verts se présentent comme un atout pour le développement de la commune d’arrondissement de Yaoundé II. Ils favorisent la création d’emplois et l’entrée des devises.

-       Les espaces verts comme éléments permettant l’entrée des devises : la mise sur pieds ou alors l’aménagement des espaces verts au sein de l’Arrondissement de Yaoundé II est d’une importance capitale. Aussi, dans la même veine, la création du Golf Club près de l’hôtel Fébé permet-il également de faire entrer d’importantes devises. Le tableau suivant l’illustre.

Tableau 1 : Tarifs de location des espaces verts aménagés au Golf Club

ESPACE A LOUER

 

COUT DE LOCATION pOUR LE PUBLIC

COUT DE LA LOCATION POUR LES MEMBRES

JARDIN AILE GAUCHE

1 000 000 F.CFA

300 000 F.CFA

JARDIN AILE DROITE

1 500 000 F.CFA

500 000 F.CFA

LOCATION DES DEUX JARDINS

2 500 000 F.CFA

700 000 F.CFA

LOCATION TERRASSE ARRIERE

_

100 000 F.CFA

 

Source : Comité Golf Club (2017)

Ce tableau illustre les coûts de la location des espaces verts au Golf Club près du Mont Fébé.

 

On remarque donc à travers ce tableau que le coût de la location pour le public est de 1 000 000 FCFA en ce qui concerne le jardin aile gauche, 1 500 000 FCFA pour le jardin aile droite et de 2 500 000 FCFA pour la location des deux jardins. Le coût de la location connaît une augmentation à cause de la qualité de l’espace sollicité. C’est dans la même optique que Mombélé (2014), écrit : « Le projet de reforestation et de mise en place des espaces verts dans la ville de Yaoundé a permis à la communauté urbaine de Yaoundé d’accroître ses recettes ».

-       Les espaces verts comme facteur de création d’emplois : Dans l’Arrondissement de Yaoundé II, l’aménagement des espaces verts permet la création de divers emplois. Dans certains espaces verts tels que le Bois Sainte Anastasie et dans une certaine mesure le Parcours Vita, plusieurs activités génératrices de revenus se sont créées à l’instar de la restauration, la photographie et même un service consacré à la presse. La photo suivante illustre les principales activités économiques présentes au sein du Bois Sainte Anastasie.

Photo 1: Principales activités économiques au Bois Sainte Anastasie


Source : Alima L. (Octobre 2017)

En clair, la dynamique des espaces verts a des incidences tant contrastées que bénéfiques. Malgré la régression des espaces verts dans la zone d’étude, plusieurs actions sont posées pour les conserver.

3.3.       Perceptions et représentations de l’Etat et des populations dans les stratégies de sauvegarde des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II

Dans l’Arrondissement de Yaoundé II, il est pratiqué des actions de sauvegarde de la biodiversité.  Dans ce volet, il sera question de mettre en lumière les perceptions et représentations des autorités et des populations en ce qui concerne les actions menées en vue de protéger les espaces verts.

3.3.1.  Perceptions et représentations des autorités administratives

Les autorités administratives s’investissent au quotidien pour protéger les espaces verts tant à l’échelle nationale que dans la zone d’étude. Il sera présenté le rôle de chaque acteur.

-       Le rôle du Ministère des Forêts et de la Faune : ici, il revient de s’appuyer sur le décret n0 2005/ 099 du 06 avril 2005 portant organisation et fonctionnement du Ministère des Forêts et de la Faune. Ce décret précise que le Ministère des Forêts et de la Faune  est chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre de l’évaluation de la politique du gouvernement en matière de forêt.

-       Le rôle de la Communauté Urbaine et de la Commune de Yaoundé II : La Communauté Urbaine possède donc des agents techniques en ce qui concerne l’aménagement et la conservation des espaces verts. A titre illustratif, il faut relever que l’espace occupé aujourd’hui par le Bois Sainte Anastasie n’était qu’un espace vague, c’est-à-dire un marécage qui servait de refuge aux malfaiteurs et autres groupes dangereux, Monbélé (2014).

Les autorités administratives travaillent dans le but de protéger les espaces verts à Yaoundé II; cependant, cette action serait réduite au néant sans l’apport des populations.

3.3.2.      Le rôle des populations et l’importance du crédit carbone

Le rôle des populations

Elles jouent un rôle prépondérant dans le processus d’aménagement des espaces verts dans l’Arrondissement de Yaoundé II.

L’action des populations : nombreux sont les habitants qui adoptent les comportements responsables en évitant d’occuper les sites inconstructibles, aussi ils sont sensibilisés également sur le respect des normes environnementales et d’urbanisation. C’est dans le même ordre d’idées que Kouogang S (2016) écrit : « les populations des monts Mbankolo et Messa 2 sont de plus en plus sensibilisées sur les dangers auxquels elles s’exposent en dégradant l’environnement naturel de ceux-ci ».

L’importance du crédit carbone

Pour le Global Climate Initiatives un crédit carbone est défini comme une unité équivalente à une tonne de Dioxyde de carbone (CO2), évitée ou séquestré (2024). Ces crédits carbones sont accordés aux projets de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre respectant certains critères. Il s’agit d’une certification d’absorptions de carbone. Un crédit carbone fonctionne comme un certificat attestant que ledit projet a bien évité ou séquestré une tonne de dioxyde de carbone équivalent (TCO2e). Le crédit carbone est une mesure utilisée pour lutter contre le changement climatique. Ce crédit a été initié à partir du protocole de Kyoto (1997). Le prix d’un crédit carbone est souvent compris entre 50 centimes et 50 Euros la tonne d’équivalent CO2.  Ainsi, dans cette perspective les opérations de restauration et de reboisement des sites dégradés seraient d’une grande utilité pour la Commune de Yaoundé II dans la mesure où à travers les stocks de carbone séquestrés la Commune reçoit un certain financement du Global Climate Initiatives. Ce dernier faciliterait la réalisation de divers projets dans plusieurs domaines.

4.    DISCUSSION

La discussion est une opération qui consiste à confronter les résultats d’une recherche avec d’autres menés dans la même discipline. Les recherches menées font état de divers facteurs responsables de la dynamique des espaces verts. La figure 03 ressort que les principales raisons de la dégradation des espaces verts sont : la croissance de la population (22,55%), l’occupation non contrôlée de l’espace (20,59%), la coupe abusive des arbres (19,61%). Les résultats présentés précédemment sont semblables aux travaux de Fekoua D (2010) qui, soutient l’idée selon laquelle la croissance démographique depuis la période de l’indépendance est à l’origine des profondes transformations dans l’espace urbain de Yaoundé. Les actions anthropiques sont responsables des transformations des espaces verts dans le 2ème arrondissement de la ville de Yaoundé entrainant de multiples conséquences.

La dynamique des espaces verts dans l’arrondissement de Yaoundé II est générateur des incidences néfastes dont l’accentuation de l’érosion, l’accroissement des phénomènes géomorphologiques à l’instar des glissements de terrain, les éboulements et effondrements. Ces derniers participent à la destruction des infrastructures et même les pertes en vies humaines. La figure 6 révèle que 31,90% des enquêtés disent que les phénomènes géomorphologiques évoqués ont provoqué les pertes en vies humaines dans la zone d’étude. Ce constat va en droite ligne avec les recherches de Tchotsoua qui écrit que  ces dernières années, la ville de Yaoundé se caractérise par une croissance rapide de la population urbaine, l’occupation illégale de certains terrains. Tout ceci contribue davantage à la dégradation du milieu, car on assiste à l’accentuation de divers phénomènes tels que les glissements de terrain et l’accentuation des risques d’érosion. Malgré les incidences relevées, diverses stratégies sont élaborées pour pallier à cette difficulté.

La protection des espaces verts à Yaoundé II passe par l’adoption de diverses stratégies à l’instar de la sensibilisation des populations sur le respect des lois et normes portant sur l’environnement. En outre, la mise en place d’une synergie entre les populations et les autorités publiques.

Ces résultats épousent les recherches menées par Kouogang. S qui mentionne le fait qu’ayant quelques fois essuyé des catastrophes naturelles telles que les glissements de terrain, les éboulements, ces populations optent pour la plupart aujourd’hui pour un reboisement des versants abruptes de la colline, et surtout une limitation des prélèvements de bois dans la forêt.


 

CONCLUSION 

L’environnement de nos jours est confronté à plusieurs défis qu’il faut relever. Les autorités camerounaises s’activent au quotidien à faire de la protection de la nature un cheval de bataille. C’est dans la même lancée que s’inscrit notre recherche qui s’articule de la manière suivante : « Dynamique des espaces verts intra et périurbains et incidences sur les milieux dans l’arrondissement de Yaoundé II ». La méthodologie qui est utilisée associe à la fois l’approche hypothético-déductive et la démarche systémique. La présentation de cet article s’est faite en plusieurs phases qui sont inter reliées.

Dans un premier temps, après l’introduction il a été judicieux de présenter le matériel et méthodes ayant servie à la production de ce travail scientifique. Secundo, il s’est agi de faire un état des lieux sur la typologie des espaces verts. Il en découle que Yaoundé II est constitué de deux types d’espaces verts à savoir : les espaces verts d’altitude qui sont non aménagés et les espaces verts aménagés.  Ensuite, il est mis en relief les causes de la dynamique des espaces verts qui sont à la fois naturelles et anthropiques. Aussi, les temps forts de la dynamique des espaces verts s’appuient sur 04 périodes, à savoir : 1973, 1987, 2001 et 2015. Dans un troisième temps, on s’est intéressé aux incidences relatives à la dynamique des espaces verts. Il est à noter que les incidences sont négatives dans la mesure où cette dynamique provoque les mouvements de masse, la réduction de la biodiversité, accroit les risques et cause des dégâts matériels et pertes en vies humaines. Cependant, l’aménagement des espaces verts participe au bien-être humain.

La dernière partie est consacrée aux perceptions et représentations des autorités et des populations en ce qui concerne les actions menées en vue de protéger les espaces verts. On relève que les autorités s’investissent dans la protection des espaces verts à travers les actions menées à la fois par les ministères des Forêts et de la Faune, du Cadastre, domaines et affaires foncières, et l’action des responsables de la Commune d’arrondissement de Yaoundé II. Puis il est mentionné le rôle des populations  à travers le respect des normes d’urbanisme et environnementales. Aussi, la prise en compte du crédit carbone serait un atout pour le développement de la Commune de Yaoundé 2. La dégradation de la biodiversité est un phénomène complexe qu’il faut résoudre à tout prix. Ceci passe par une mutualisation des efforts entre les autorités et les populations pour l’élaboration des lois plus contraignantes et leur stricte application pour un développement responsable. Cette recherche est importante car elle peut être appliquée par les autorités municipales et la Communauté Urbaine de la ville de Yaoundé pour une meilleure gestion des espaces verts et un aménagement durable de la capitale politique. A partir de cette thématique plusieurs pistes de réflexions sont dégagées : aménagements des espaces verts et lutte contre le changement climatique dans la ville de Yaoundé ;  Aménagement des espaces verts et durabilité de la ville de Yaoundé ; Espaces verts et opportunités pour le développement de Yaoundé.  


 

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